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Live-Report
Camilla Sparksss + PoiL à l'Espace B

16 septembre 2013
Rédigé par Amandine Hénon

Camilla Sparksss + PoiL
13 septembre 2013 - Espace B, Paris

La pluie et la grisaille redoublent depuis le début de la semaine, septembre est bel et bien là mais parallèlement à la météo maussade, la rentrée se fait également à coups de salves de concerts un peu partout dans la capitale, histoire d'apporter un lot de positivisme à la nostalgie ambiante. Après la disette estivale, nous retrouvons le choix du roi et ce soir, afin d'inaugurer notre premier concert My Cat is Yellow, nous avions choisi l'Espace B, à l'image de ce que nous attendons de ce site : déjanté, désinhibé et audacieux. Une affiche comme souvent alléchante avec ce soir Camilla Sparksss et PoiL.

Quand déboulent sur scène les trois énergumènes de PoiL, les spectateurs, jusqu'alors distraits, sont d'emblée interloqués par l'allure du trio et mettent de côté leurs conversations sur leurs festivals de l'été pour s'intéresser au groupe et il faut dire qu'avant même d'entendre la moindre note, PoiL ne laissent pas indifférents : moulés dans leurs justaucorps rouges, cheveux bleus ou casquette à pois Carrefour du meilleur grimpeur, lunettes clignotantes, string et bas résilles, les pitres nous font penser à un Didier Super mêlé à du Stupeflip, le résultat en beaucoup plus trash  et destroy. Les titres de leurs chansons, eux aussi, ne sont pas à piquer des vers : Tronche à cul, Trouille Cosmique ou encore Pâte à choux (nous vous laissons le loisir de trouver la contrepèterie pleine de finesse). Passons cependant l'aspect plus superficiel pour entrer dans le cœur des choses et là, il y a de la substance. Punk, gros rock bien crade et gras, disco-pop, hip-hop, tous les genres y passent dans une énergie sans borne. On ne comprend rien à ce qui s'y raconte, tout se déroulant dans un bordel anarchique innommable. On cherche en vain des influences, on se demande comment de telles folies peuvent sortir de l'esprit de ces jeunes gens et finalement, on abandonne, on s'abandonne et on savoure.
A la fin du set, personne ne saisit ce qu'il vient de vivre mais l'humeur est joyeuse et électrique, une foutue bonne surprise.
Quelques préparatifs plus tard, nous retrouvons la jolie Camilla Sparksss accompagnée de ses deux danseuses. Découverte quelques semaines auparavant au For Noise Festival, elle nous avait subjugués par son show arty-punk ultra punchy et nous sommes bien décidés à confirmer notre point de vue ce soir face à un public déjà acquis à sa cause.
Si la jeune femme mixe autant les genres que ses prédécesseurs, elle le fait d’une toute autre manière. Primale et agressive, la belle blonde hurle littéralement et couvre en partie les beats pulsés par ses machines. Elle ne cesse de demander au régisseur d’augmenter le son afin que le public finisse par être ivre de son flow. En interaction continue avec son public, elle descend pour le faire participer (entendez par là hurler dans le micro) ou, au contraire, lui demande de monter sur scène pour vivre l’expérience. Flanquée de deux danseuses au show très contemporain, elle semble de plus en plus hantée par sa prestation et finira cheveux dans les yeux, fil du micro autour du cou. Née dans une réserve indienne de l’Ontario et ayant grandi en pleine nature, elle a su garder cet aspect primitif en lui ajoutant une touche de modernité. Toujours indomptable mais cependant souriante, Camilla Sparksss subjugue par sa présence scénique et son aura.

Ravis de cette rentrée parisienne, nous repartons en fredonnant Camilla Sparksss et en remerciant que des salles comme l’Espace B permettent à des artistes aussi farfelus de pouvoir se produire.
Nos débuts s’annoncent donc sous les meilleures auspices.



Photos de Alan Kerloc'h