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Live-Report
Cloud Nothings + Cheatahs à la Flêche d'or

26 mai 2014
Rédigé par Florian Sallaberry

Au début des années 90, je me souviens des soirées où l’ambiance était moite… Nous sommes en 2014, mais le son, ce soir, nous parle d’un temps que Justin Bieber ne peut pas connaître. Au programme, le shoegaze savant de Cheatahs et le grunge-punk de Cloud Nothings.

Formé à Londres, le groupe Cheatahs est composé de membres de diverses origines : un chanteur canadien, un guitariste anglais, un bassiste américain et un batteur allemand. Dès les premières notes, on sent l’influence des aînés My Bloody Valentine. Guitares et basse saturées, voix lointaine, distorsion extrême : tous les ingrédients du shoegazing sont là. Dans l’attitude également : les yeux rivés sur leurs baskets, les membres du groupe ne prêtent que peu d’attention au public remplissant petit à petit la salle. Utilisant en quasi-permanence le vibrato de leur guitare, Cheatahs construit un sombre mur du son dont les seules éclaircies sont les arpèges de Mission Creep. Le groupe clôture son set dos à la scène, face au batteur dans un déluge sonore total.

L’ambiance a gagné en chaleur et humidité quand les Cloud Nothings arrivent sur scène ; les premiers rangs se sont rajeunis aussi, de nombreux adolescents et jeunes adultes s’approchent de la scène. Le leader du groupe, Dylan Baldi, a le look d’un teenager nerd. Dès les premiers accords de guitares, le public commence à s’agiter, à hocher la tête alors que le batteur se déchaîne et le chanteur hurle de sa voix nasillarde. Stay Useless lancera les hostilités, nous sommes allégrement arrosés à la bière lors de ce pogo monstrueux qui durera jusqu’à la toute fin du concert. Le groupe enchaîne les titres courts, jouant le plus rapidement et le plus fort possible. On remarquera particulièrement les efficaces Wasted Days et Fall In mais le son trop élevé de la batterie ne nous permet pas de distinguer particulièrement les chansons entre elles. Le groupe finit par un rappel avec un long morceau instrumental plutôt bruyant et sans grand intérêt si ce n’est de déchaîner les fans. On regrettera l’absence de No Future No Past, meilleur morceau du premier album du groupe, à la progression fulgurante.

Nous sortons de ce concert épuisés et suants, la moiteur du son de ces groupes nous collant à la peau. L’espace d’un instant, nous nous sommes crus au sous-sol d’un pub londonien, puis dans un garage du fin fond de l’Ohio.