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Live-Report
Deerhoof et PNEU - Le Petit Bain

12 mars 2015
Rédigé par Amandine Hénon

Difficile de contenir notre impatience pour cette soirée à la programmation totalement folle ; dès son annonce il y a quelques mois, nous savions d’ores et déjà que nous en serions ; en effet, comment louper une telle affiche ?! Deerhoof et PNEU le même soir, un pur bonheur en perspective. Comme souvent ces derniers temps, Le Petit Bain était donc « The Place to be » et affichait en toute logique complet. Le temps de laisser reposer nos petites oreilles, prêtes à morfler, sur les quais et voilà que l’on s’engouffre dans la cale pour quelques heures mémorables.

Ce soir, il ne fallait pas faire partie des retardataires pour pouvoir profiter de la première partie (de qualité). Comme à leur habitude, PNEU jouent dans la fosse et le Petit Bain n’ayant pas la jauge d’un Bataclan, on se sent comme dans une rame de la ligne 13 aux heures de pointe. Une batterie, une guitare et un ampli seront les seules armes de destruction massive nécessaires au duo le plus bruyant de France.  Pendant près de quarante-cinq minutes, PNEU balanceront leur garage noisy et crasseux à un public en transe. Un gars affublé d’un costume de banane se chargeant du spectacle, nos tympans qui vrillent sous les riffs acérés, pas de doute, le groupe est au sommet de sa forme et le public, conquis d’avance, en redemande. Tous en cercle, dans une communion totale public/musiciens, PNEU se déchaînent et se démènent pour nous présenter leur nouvel album fraîchement sorti. Les litres de sueur coulent à flots et comme toujours, le duo donne tout, sans concession. Si tant est que ce soit possible, le set monte progressivement en intensité, en même temps que la température dans la salle qui semble atteindre les 40°C. Ce soir, PNEU auront été portés aux nues (au sens propre comme au figuré puisque le batteur terminera par un crowdsurfing délirant) et nos attentes auront été plus que comblées.
À peine un petit quart d’heure pour nous remettre de nos émotions que les déglingués Deerhoof montent sur scène. Le groupe est ce soir à l’image de sa musique : éclectique et bigarré. La petite pile électrique Satomi semble bien calme mais nous pouvons dès le départ compter sur Greg Saunier, bien décidé à jouer l’entertainer en prenant la parole entre les morceaux pour tenter des blagues et discours en français… ou tout au moins dans un dialecte s’apparentant de loin à la langue de Molière. Derrière les fûts, par contre, c’est une autre histoire et la grande asperge dégingandée ne fait pas dans la dentelle et contrairement à sa maîtrise des langues étrangères, ici, aucune approximation.
La part belle est aujourd’hui laissée à La Isla Bonita, dernier album en date, et les jetés de jambes et danses aérobic de Satomi feront finalement vite leur apparition. Sa voix suraiguë et ses cris de Pokémon viennent accompagner des guitares sauvages et une batterie virtuose. En près de vingt années de carrière, Deerhoof sont toujours aussi surprenants et jouissifs. Ils termineront leur set sur Come See The Duck en jouant avec leur public.

Ce soir, audience comme musiciens transpiraient la joie de vivre et le bonheur de se retrouver. Dans une folie douce, Deerhoof et PNEU, dans des styles différents mais des approches finalement assez similaires, auront su ravir les spectateurs et, une fois encore, la soirée du Petit Bain aura tenu toutes ses promesses.

Photos Alan Kerloc'h