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Live-Report
Dope Body - Espace B

04 mars 2015
Rédigé par Amandine Hénon

Pour fêter notre grand retour à l’Espace B après une période de désertion de la salle de la rue Barbanègre, nous avons voulu frapper fort avec un groupe encore trop méconnu mais qui devrait, grâce à la fougue de son chanteur notamment, sortir de l’ombre très vite : Dope Body.
C’est toujours aussi dépaysant de se retrouver dans les rues sombres et humides qui bordent l’Espace B, comme si, en quelques minutes, on avait quitté le Paris du 5ème arrondissement et ses immeubles cossus pour tomber dans la moiteur froide d’une nuit dans le sud-est de Londres. On délaisse tout de même bien volontiers le fog pour rejoindre l’arrière-salle sombre qui accueille ce soir, pour commencer les réjouissances, les Dunkerquois de H.O.Z.

Ici, le groupe est réduit à sa portion congrue autour d’un guitariste/chanteur style premier de la classe avec ses cheveux bien rangés et ses lunettes à grosse monture, un bassiste et un batteur. Leurs influences sont largement puisées dans le vivier punk et hardcore des 90’s Outre-Atlantique, Fugazi en tête de file, mais le set, débutant par un power punk léger, tend à se durcir et même à flirter avec le métal. H.O.Z., après cette prestation honorable, font place nette pour les fous furieux de Baltimore, a.k.a. Dope Body.
Formés en 2008 autour d’Andrew Laumann, charismatique chanteur au torse imberbe et luisant mais à la face moustachue, le projet se voulait initialement éphémère. Face au succès de leur premier concert, ils décident de continuer l’aventure. Leur succès repose principalement sur un jeu de scène de haut vol, orchestré par Laumann, showman invétéré devant l’éternel, et aux influences variées qui composent les sets de Dope Body ; punk, post-punk, noise ou encore accents hip-hop, ils ne sont pas sans rappeler Rage Against the Machine à la grande époque.
Un batteur déjà torse nu et un chanteur agenouillé dos au public, la mise en scène est étudiée. Dès les premiers instants, l’intensité se ressent, que ce soit dans le chant primaire ou la batterie martiale (et virtuose). Durant tout le concert, Andrew Laumann ne s’économisera pas et pour paraphraser un grand songwriter de ces dernières années : he has got « the moves like Jagger ». Avec ses allures à mi-chemin entre Iggy Pop et une marionnette désarticulée, il assène ses lyrics ravageuses alors que les musiciens confèrent à l’ensemble une atmosphère moite et suintante. Entre jeu de scène et titres punchy, Dope Body réussissent à créer l’alchimie avec un public qui semble prendre son pied, si l’on s’en réfère aux premiers rangs surexcités entraînés dans des danses endiablées.

Sans faillir à leur réputation, Dope Body ont livré un set intense, varié, pimenté par le charisme de leur chanteur/showman.

 

Photos Alan Kerloc'h