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Live-Report
Girls In Hawaii à La Laiterie

14 décembre 2017
Rédigé par François Freundlich

Quoi de mieux pour terminer une année de concerts que les magiques Girls In Hawaii, en pleine tournée européenne et de passage dans la salle de La Laiterie de Strasbourg ? Les Belges écrivent la bande originale de notre vie depuis une quinzaine d’années, c’est un peu notre histoire que l’on voit défiler à chaque nouveau morceau extrait de la longue liste de leurs albums.

 

C’est un triomphe qui attend Girls In Hawaii à leur entrée en scène, le groupe s’installant face à un public de connaisseurs. Dès le premier morceau, nous sommes sûrs de passer un excellent moment puisque c’est Flavor, extrait de leur premier disque From Here To Here, qui engage le set avec une énergie brute et une tension immédiatement palpable. Nous retrouvons le mélange magique des deux voix des chanteurs Antoine Wielemans et Lionel Vancauwenberghe. Ces voix légèrement voilées et juvéniles représentant à elles seules tout ce que la pop peut offrir de meilleur. Le charme agit, d’autant plus que la mise en scène et les éclairages sont particulièrement réussis, entre les rayons lasers vaporeux transperçant la salle ou le ciel étoilé qui apparaît à l’arrière de la scène. Un set de Girls In Hawaii représente à lui-même une certaine idée de la perfection. La ballade acoustique This Light, qui ouvre leur dernier album en date Nocturne, voit le premier frisson du concert parcourir notre corps avec ces quelques cordes laid-back qui se mettent subitement à divaguer autour d’un clavier mélancolique. L’émotion nous submerge lorsque le groupe entame Misses et ses répétitions déchirantes « I Miss You », premier single sorti par le groupe lors de leur retour, deux ans après la mort tragique de leur ancien batteur Denis Wielemans. Les yeux de son frère se ferment, notre gorge se serre.

 

On chante ensuite à tue-tête l’un des meilleurs morceaux sortis dans les années 2000 et qui a rythmé notre existence depuis 2003 : Found In The Ground. Ce titre intemporel n’a pas pris une ride : les deux voix se répondent comme au premier jour, ne se quittant jamais, même sur ce refrain qui parvient à s’élever tout en conservant une certaine quiétude. Le titre est enchaîné avec la bucolique Sun of the Sons, dont on avait eu la chance d’entendre la toute première version lors d’une résidence dans la salle rennaise de L’Aire Libre, où leur album Plan Your Escape fut enregistré. Les influences des Beatles ressortent sur ce titre plein d’espoir qui semble ne jamais devoir cesser de se réjouir. Girls In Hawaii prennent alors une tournure bien plus électrique en s’excitant sur une version grunge de Time To Forgive The Winter. Le groupe se lâche complètement en se retrouvant à l’avant de la scène, au plus près du public, brandissant leurs guitares frénétiquement. Les Belges n’oublieront pas de nous parler un peu, avouant trouver le marché de Noël sévissant actuellement à Strasbourg assez pourri. Un jugement modéré par l’attrait de la bonne nourriture, mais validé par le public, qui acquiesce par des applaudissements. Le rappel du show verra s’enchaîner l’un des meilleurs extraits de leur dernier disque Guinea Pig, une ritournelle pop saisissante aux accents synthétiques. Une reprise de AM 180 de Grandaddy ravit le public : un hommage leur est adressé puisque ce groupe qui les a grandement influencés a tragiquement perdu son bassiste en mai de cette année. Les deux groupes semblent liés par l’adversité. Espérons que les Américains parviendront à revenir comme les Belges sont parvenus à le faire.

 

En second rappel, les deux chanteurs reviendront sous les hourras interpréter la ballade mélancolique Plan Your Escape avec une seule guitare acoustique et un xylophone. Un autre accessoire est présent : un bonnet en forme de cigogne trouvé sur le marché, porté par Wielemans, pour la touche de second degré dont ils ne manquent pas. La touche finale d’un concert parfait de bout en bout pour un groupe qui nous bercera encore, espérons-le, pendant de longues années.