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Live-Report
John Maus à La Laiterie

13 novembre 2017
Rédigé par François Freundlich

Une certaine ferveur avait envahi la salle de la Laiterie à l’approche du concert complet du phénomène John Maus. La pop synthétique de l’Américain, qui vient de sortir son quatrième album Screen Memories, avait attiré de jeunes aficionados prêts à se livrer totalement à la danse dans un club surchauffé.

 

Le héros du soir apparaît finalement, les yeux masqués par sa chevelure au bol. John Maus est intenable sur scène. Un symbole du mouvement perpétuel : sautant sur place, s’arrachant la chemise, remuant et se tapant la tête, hurlant sans relâche. La sueur de sa chemise noyant les premiers rangs, la foule surexcitée se lance éperdument dans les mêmes mouvements saccadés en lançant des mouvements de foule avec des gesticulations de plus en plus folles. L’oscillation des instrumentations est quant à elle assez décalée par rapport à la ferveur ambiante avec ces nappes de synthés éthérées à la John Carpenter. Les divagations synthétiques s’échappent tortueusement d’une rythmique qui peut subitement s’accélérer au rythme des excitations d’un batteur et d’un bassiste aussi inertes que le leader est excité. Il faut bien dire que les musiciens tiennent la baraque car au milieu de tout ça, le leader ne parvient pas à canaliser son énergie et part dans tous les sens. Ses gigotements incessants font le show mais la prestation vocale laisse parfois à désirer, sa voix grave se perdant dans de longues plaintes nous laissant parfois dans l’introspection. La reverb emporte la voix encore plus loin dans les tréfonds, John Maus semblant de plus en plus pâtir de la fatigue au fur et à mesure du concert. Forcément, à ce rythme, il doit être crevé physiquement au bout de deux morceaux.

Malgré tout, les ambiances dispersées, puisant dans la new wave et les influences lo-fi sont hyper-dansantes et diaboliquement hypnotiques. Elles s’accordent idéalement avec cette sombre voix post-punk complètement décalée, qui rend la prestation unique. Car oui, on pourrait reconnaître le style de John Maus entre mille, malgré les influences 80’s d’un style vu et revu. Il parvient à le dépoussiérer pour nous subjuguer au travers d’une expérience, davantage que d’une prestation parfaitement millimétrée. Il ne s’agit absolument pas d’un concert tranquille où tout est défini à l’avance, nous sommes dans la performance artistique où tout peut déraper d’un moment à l’autre, où le fauve est lâché face au public et où personne ne sait jusqu’où il va parvenir à nous emmener. Finalement, une fois ce stade de compréhension passé, tout prend son sens et nous voilà immergés dans la prestation de ce givré qui cherche avant tout autre chose à nous faire sortir de nos gonds. Le show peut alors commencer.

 

John Maus est l’un des performeurs les plus fous qu’il nous ait été donné de voir en concert et l’expérience de sa présence hurlante ne peut forcément que marquer les esprits. Entre jouissance et angoisse, John Maus n’a pas peur de pousser son corps à bout, quitte à sortir de scène sur les rotules. Et dire que ses jeans ne sont même pas troués.