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Live-Report
Junip + Petseleh à La Laiterie

15 septembre 2013
Rédigé par François Freundlich

Junip + Petseleh
12 septembre 2013 - La Laiterie, Strasbourg


La salle strasbourgeoise de La Laiterie accueille dans sa petite salle les Suédois de Junip, dont le second album paru récemment fait le bonheur de tout amateur de folk rock. Après un passage remarqué à La Route du Rock cet été, où l’on apercevait le groupe de relativement loin, il est réjouissant de se retrouver à deux mètres seulement du leader José González. Mais avant cela, c’est un songwriter local qui nous offre une première partie en solo.

Petseleh écume les scènes strasbourgeoises depuis quelques années et s’est vu offrir cette prestigieuse première partie bien méritée. Son nom vient évidemment de la chanson d’Elliott Smith, l’homme qui a tout changé avec ses albums au sommet. Prononcé à l’alsacienne, cela se rapproche de spaetzle, précise-t-il, mais ce sont deux choses bien distinctes, bien que délicieuses. Assis seul au milieu du fourbi d’instruments de Junip, Mathieu semble un peu perdu mais va livrer un concert admirable tout en romantisme et en mélancolie. Les chansons folk du songwriter sont brutes et écorchées : une certaine tristesse assez palpable en ressort, les rapprochant des compositions de Bright Eyes. On pourrait comparer son timbre légèrement aigu à celui de Julien Pras (Calc), avec des textes tout aussi touchants. Seul un titre est un peu plus énergique : Miss Canada, avec des allures de single entraînant, et le public ne s’y trompe pas puisqu’il saluera cette composition boisée et enlevée. Petseleh parvient à faire planer une ambiance aussi intimiste qu’enveloppante. L’air rigolo qu’il arbore dans ses échanges avec le public entre les morceaux s’éclipse lorsqu’il touche sa guitare pour nous tenir accrochés à sa voix et aux quelques accords délicats de Song For J. Voilà un artiste strasbourgeois à suivre, qui a fait forte impression devant une salle déjà comble.

Les Suédois tant attendus s’installent finalement. On sent une forte excitation du public lorsque José González prend place face au centre de la scène. Sa voix frôle à peine la micro, s’élevant dans cette sérénité et ce calme qui lui sont propres. Les morceaux débutent simplement sur quelques accords de guitare folk pour s’envoler vers des crescendos de plus en plus véhéments lorsque les synthés et autres percussions s’emballent. Le percussionniste du sextet a d’ailleurs un look qui pourrait rappeler celui d’ABBA, mais toutes les formations suédoises n’ont-elles pas ce petit coté pop Waterloo ? Les arrangements sont d’une précision remarquable et donnent l’impression d’une perfection musicale doublée d’une intensité captivante. Après un début de concert très calme avec des ballades tout en subtilité, le rythme s’accélère et Junip s’inscrit davantage dans un électro-folk soutenu par quelques bongos pour l’acoustique et quelques samples pour le synthétique. Sur Your Life Your Call, des nappes de claviers  et un rythme disco complètent le tout, alors que la voix de José González flotte avec volupté au-dessus des instrumentations, tout comme la biche géante accrochée à l’arrière de la scène. Certains titres du premier album comme Always sont chaleureusement accueillis par un public connaisseur. La majorité de la setlist est néanmoins extraite du second album, à l’image Walking Lightly qui s’étendra sur une longue plage de divagations instrumentales surmontées de passages à la flûte. On a parfois l’impression que Loney Dear, Why? et Hot Chip ont fusionné sur de délicieuses compositions adaptées avec une grande maîtrise pour le live. La première partie du set s’achève sur Line Of Fire, certainement l’un des singles que l’on retiendra de cette année 2013. Son crescendo nous emporte très loin au dessus de La Laiterie alors que José González élève la voix sur ces « Would you step back to the line of fire ». Assurément le moment de grâce du concert. Le rappel sera généreux puisque deux morceaux seront interprétés : les Suédois étaient visiblement ravis de jouer devant une salle remplie et sous le charme.

Le concert pop de la rentrée au Club Laiterie nous a enchantés avec les Suédois de Junip au top et une première partie qui supportait la comparaison dans la qualité des compositions. Les oreilles dorlotées, il ne reste plus qu’à s’évader avec le sourire aux lèvres.