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Live-Report
La Colonie de Vacances (Marvin, Pneu, Electric Electric, Papier Tigre) au 104

22 octobre 2014
Rédigé par Florian Sallaberry

Avis de tempête dans la petite salle du 104. Quatre groupes de quatre villes différentes sont présents : les Montpelliérains Marvin, les Tourangeaux Pneu, les Strasbourgeois Electric Electric et les Nantais Papier Tigre. Ce soir, les groupes ne joueront pas à la suite les uns des autres mais en même temps : c'est la Colonie de Vacances, Youkaïdi, aïdi, aïda.

 

Les quatre groupes n'en sont pas à leur coup d'essai. C'est lors d'une tournée commune en 2010 que naît l'idée de jouer simultanément du côté du château de Tours. Le concept fut ensuite éprouvé dans de nombreux festivals aux quatre coins de la France. Pour faire vivre une expérience inédite et immersive, le public est placé au centre de la salle, les scènes aux quatre coins. Pneu fait face à Papier Tigre, Electric Electric à Marvin.

 

Avant de rentrer dans la salle, des panneaux nous indiquent que les protections auditives sont conseillées, premier indice du déferlement sonore qui nous attend. Arrivé dans la salle, le public semble désorienté, ne sachant pas où se placer. La tendance est à un regroupement vers le centre de la salle pour profiter au mieux du son quadridimensionnel de la soirée. Tout au long du concert, nous frôlerons le torticolis à force de nous tourner vers l'un ou l'autre des groupes.

 

Les groupes s'installent, trois trios et un duo (Pneu), des batteries, des guitares, deux claviers, la soirée promet d’être violente. Puis toutes les batteries jouent à l’unisson un rythme quasiment militaire : nous ne pouvons pas nous empêcher de sourire tellement le plaisir est immense. La toute-puissance de ces batteries vient taper sur notre cerveau et nous faire progressivement entrer en transe quand les guitares font rugir de longs accords distordus. Démence, tempête cosmique.

 

Les formes varient. Souvent les quatre groupes jouent ensemble. Parfois un groupe commence tout seul mais la fin du morceau est appuyée par l’ensemble des performeurs. L’effet est fou, la salle devient un brasier incandescent. Au milieu, noyau en fusion, les corps se choquent et s’entrechoquent : c’est le feu. Le fond varie aussi. On croit percevoir des envolées pop chez Papier Tigre, du rock-garage chez Marvin, quasiment du métal chez Electric Electric. Les rythmes sont tantôt tabassant, tantôt dansants. Tous les morceaux se finissent dans un typhon sonore jouissif, un ouragan de décibels.

 

Après une courte pause, les quatre groupes reviennent pour un rappel cataclysmique. Véritable apocalypse, ce final explosif repose sur deux fondements : très fort et très vite. Les 11 musiciens ont le sourire jusqu’aux oreilles, tout le monde prend son pied : c’est l’apothéose.

 

Dans quelques années, nous comparerons nos cicatrices sur nos tympans. L’entaille profonde laissée par la colonie de vacances sera assurément l’une des plus marquantes, des plus mémorables. Merci Papa, merci Maman. Youkaïdi, aïdi, aïda.