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Live-Report
Lysistrata + Paus + Soviet Soviet - Petit Bain

12 février 2017
Rédigé par Florian Sallaberry

France, Portugal et Italie : c'est une drôle d'Eurovision ce mercredi soir à Petit Bain. Pas d'Amir ni de Conchita Wurst ici, mais les charentais de Lysistrata, les lisboètes Paus et les transalpins Soviet Soviet pour une soirée assurément énervée et bruyante.

De retour des Transmusicales, Alan, notre photographe habitué du festival défricheur Rennais, nous livre souvent ses coups de coeur. Parmi eux, le groupe Lysistrata a particulièrement retenu son attention, et nous entendons, de çi de là, un retour unanime à leur sujet : Les trois saintais ont tout pété à l'Etage du Liberté et c'est le groupe à ne pas manquer. C'est donc avec hâte que nous les attendons dans un Petit Bain déjà très rempli pour une première partie, preuve que le bouche-à-oreille a déjà fait son effet. Des tapis sont posés sur la scène, les membres du groupe sont très proches les uns des autres, le guitariste et le bassiste se faisant face, séparés par des pédales à effets. On se croirait en répet, dans un salon d'une vieille bicoque de campagne. Dès le premier morceau, ça pose le niveau : un long morceau aux mouvements successifs alternant entre math-rock précis, envolées bruyantes bourrines et douceurs mélodiques. Survoltés, les trois jeunes chevelus hurlent chacun leur tour puis en choeur des paroles que nous ne distinguons pas excepté sur Asylum, déclaration punk d'amour familial. Le son du trio est inclassable évoluant du math-rock au post-rock, quand le guitariste donne à sa guitare un son de cordes frottées ou lorsqu'il se sert d'une baguette de batterie comme d'un archet. Comme à l'entâme, les charentais closent leur set par un long morceau à plusieurs mouvements oscillant entre moments de fureur et spoken word théâtral faisant  écho au nom du groupe, personnage de la pièce éponyme antique. Nul doute que Lysistrata mérite son prix Ricard S.A. Live Music 2017 fraichement acquis : le combo parfait entre énergie juvénile et maîtrise inattendue fonctionne à merveille.

Aux jeunes fougueux succèdent deux paires de gros bras. Paus est avant tout consituté de deux batteurs barbus qui se placent aux centre de la scène et qui occupe l'espace principal du son du groupe. Les deux batteurs partagent la même grosse caisse et une cymbales. Entre rythmiques complexes et mouvements plus explosifs, le groupe lusitanien frappe fort, très fort, dès le premier morceau. On ressent des vertiges face à cette toute puissance et l'on remarque à peine le bassiste et le claviériste. Pourtant, dans la suite du concert, le premier donnera des sonorités hard-rock voir métal au groupe quand le second posera une touche électro appréciable en particulier sur Mo People dont la rythmique semble emprunter à la MPB présentant un potentiel plus dansant que les autres compositions du groupe. Les portugais agrémentes leur son d'un chante grave accompagné d'un contrechant plus aïgu. Ce chant rock renforce l'aspect dru du set des lisboètes qui nous assomme et nous laisse sans repère, sonné par les coups de marteau assénés par le duo de batteurs. 

La soirée se termine par Soviet Soviet, groupe post punk italien. Le batteur est tout au fond, le guitariste et le bassiste se place chacun d'un côté de la scène donnant une impression de vide. Le groupe joue un post-punk énervé teinté de coldwave, une sorte de Joy Division sous amphéts. Le bassiste-chanteur s'agite envoyant valdinguer sa basse dans tous les sens chantant d'une voix nasillarde légèrement crispante. Ils viennent défendre sur scène leur dernier album Endless sorti fin 2016. Un peu fatigués, nous laissons notre place aux premiers rangs aux inconditionnels du groupe appréciant à sa juste valeur ce set regroupant tout ce que l'on peut attendre d'un concert punk : des morceaux courts, énergiques, tout en puissance. Les transalpins ne faiblieront pas dans ce concert un peu trop monotone pour une description plus détaillée.


Nous ressortons un peu plus sourd de cette soirée à Petit Bain,  concerts qui nous auront bousculés, en particulier l'ouverture énergique et rafraichissante des jeunes Lysistrata, que nous suivrons avec attention.