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Live-Report
Petite Noir + Amoure - La Laiterie

20 mars 2016
Rédigé par François Freundlich

Narré dans ces pages pour son excellent disque La Vie Est Belle/Life Is Beautiful, Petite Noir se produisait au club Laiterie pour des adaptations live luxuriantes de son african post-punk en apesanteur. Pour accompagner le Sud-Africain, des locaux qui ont récemment fait parler d’eux sur de multiples tremplins musicaux : le trio math-zouk Amoure.  



On les avait découverts avec un charmant clip live où ils interprétaient un de leur titre, Limbo, dans le stade de la Meinau à Strasbourg. En bons amateurs de danse limbo et du Racing Club de Strasbourg, on a voulu en savoir plus et arrivons donc à l’heure pour nous voir conter fleurette par la pop saccadée et ensoleillée de ces trois garçons. Dès les premières notes, on a  simplement envie de s’allonger au pied d’un palmier en dévorant un ananas juteux (car nous avons bien noté les maracas en forme d’ananas, ou maracananas). Ce titre joyeux à la gloire de cette danse qui inspira tant Chubby Checker, mélange des chœurs entêtants, un math rock haletant  et un chant en français pouvant rappeler Frànçois and the Atlas Mountains ou Mermonte (autant dire le meilleur de la french pop actuelle). Il sonne comme un tube dansant en puissance. Ajoutons à cela des passages aux rythmiques tropicales (les plus jeunes y accoleront le hashtag tropicool) et on se demande si Amoure pourrait être le sirocco nouveau venu de l’Est et prêt à disperser ses bonnes ondes sans rien pour le stopper.  Leurs ballades plus apaisées comme Plage plaident encore plus en ce sens, tout comme de nouveaux titres s’annonçant comme autant de tubes de l’été exquis (pour des vacanciers fréquentant davantage une Route du Rock que le Club Med, bien évidemment). Amoure nous a collé un sacré sourire, en parvenant à ramener Sea, Sex and Sun en Alsace au mois de mars. Et rien que pour cela, on écoutera leur premier EP le 6 mai.

Place à la tête d’affiche de la soirée avec Yannick Ilunga, alias Petite Noir, et son groupe vibrant entre nappes de synthé brumeuses et rythmiques africaines. Le charismatique chanteur débute la prestation sans guitare, libre de ses mouvements en incluant l’audience à droite et à gauche de la scène. Sa musique est un mélange de tous les endroits où il a pu vivre, de la Belgique à Londres en passant par Cape Town. Sa voix grave et ses guitares incisives rappellent un post-punk tourmenté, davantage encore sur de nouveaux titres comme Freedom, qui s’éloignent des chœurs ensoleillés du single enjoué Down. Son look est pourtant bien tourné vers les terres où il a grandi avec ce couvre-chef traditionnel. L’adaptation scénique de son album va encore plus loin dans la recherche sonore avec des échos de guitares cristallins, des vibrations de synthés aériennes, s’évadant dans des instrumentaux psychédéliques débarrassés de tous ces codes classiques et trop connus. L’inventeur de ce son Noirwave n’est pas présomptueux puisque ces mélanges inattendus forment quelque chose de neuf, même si on entend les vastes influences au détour de certains titres : de Bloc Party à Joy Division ou encore de dEUs à Animal Collective. Une certaine classe s’échappe en plus de sa silhouette impressionnante lorsqu’il se joue de sa guitare blanche en laissant de côté les attitudes stéréotypées arborées par beaucoup de groupes du style post-punk. La vie est belle, le concert est beau et Petite Noir nous a réchauffé l’âme.

Du neuf et du frais, voilà ce qui ressort de cette soirée avec Amoure et Petite Noir, qui ont jeté leurs billes colorées dans un amas parfois bien trop monochrome.