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Live-Report
Rien au Stimultania

08 novembre 2013
Rédigé par François Freundlich

Rien - Stimultania Strasbourg
31 octobre 2013



Rien à voir mais les Grenoblois de Rien s’offrent une tournée d’adieu après avoir annoncé la fin de leur activité en 2014. Ceux qui nous avaient éblouis il y a déjà dix ans avec le fameux album Requiem pour des Baroqueux et son packaging se transformant en boîte vide ; disparaîtraient donc dans le néant ?

Le néant n’avait pas encore englouti prairies, chevaux, enfants indiens ou Stimultania de Strasbourg pour un concert au milieu des œuvres des photographes Simon Norfolk et John Burke. L’ambiance est dès le début du concert à l’extase instrumentale amenée sur un plateau par un quatuor concentré sur ses instruments. Leur calme apparent tranche avec des crescendos palpitants où une pop subtile parvient à se frayer un chemin dans ce rock instrumental déchaîné, ce qui est chose rare dans ce style. La preuve est flagrante lorsque le bassiste se saisit de la fameuse basse Höfner de Paul McCartney. Nothing is real.

Les pédaliers sont mis à rude épreuve alors que l’archet est utilisé sur des guitares électriques passant de boucles de riffs hypnotiques à des ponts atmosphériques et planants. On sent bien que nous avons à faire à un groupe d’expérience qui se connaît par cœur puisque ces morceaux complexes sont exécutés avec une maîtrise folle, mais sans jamais sombrer dans le prévisible. Il y aura toujours une surprise, une évolution qui nous fera rouvrir les yeux alors qu’on était parti assez loin dans l’expérience intérieure proposée par le groupe. Rien ne se prend pas au sérieux puisqu’une voix féminine enregistrée assènera quelques vérités entre les morceaux, de type « le propriétaire de la Twingo verte garée à l’entrée a très mauvais goût ». Un rien nous amuse. Entre l’intense et le fun, Rien ne choisit pas.

Après des albums et EP qui nous avaient conquis, cette prestation d’un des meilleurs groupes instrumentaux français nous a exaltés. Rien à faire, ils sont toujours aussi bons.