Webzine indépendant et tendancieux

Live-Report
Splashh + Albinos Congo à l'Espace B

29 octobre 2013
Rédigé par Cyril Open Up

Splashh + Albinos Congo

20 octobre 2013 - Espace B, Paris

Il faisait beau, il faisait chaud, cela sentait presque le sable chaud en ce dimanche 20 octobre. Malgré la fatigue et la flemme du dimanche soir, l'affiche alléchante proposée par l'Espace B avait de quoi remotiver les troupes, alors direction le 19e arrondissement pour, dixit les héros de la soirée, aka Splashh, une « Sunday Night Fever ». 

Issu du collectif nantais Incredible Kids, qui compte aussi dans ses rangs les prometteurs Disco Anti Napoleon, le groupe Albinos Congo jouera donc ce soir le rôle de chauffeur de salle peu après 21h00. Les quatre garçons, dont un avec un seyant t-shirt Eminem (sic), et une jeune fille prennent place derrière leurs instruments pour nous abreuver de leur « garagegaze / hazybeach », comme ils le définissent eux-mêmes. La réverb est en position maximale et le son des guitares fuse, glisse, remplit l'espace. Par instants, on croirait presque entendre les pales des hélices d'une armée d'hélicoptères qui nous claqueraient la bise. Le bassiste a l'air un poil tendu, la claviériste remue nonchalamment sa chevelure qui lui cache le visage sur les rythmiques cadencées du batteur. Le chanteur crie dans le micro des petits « ouh » qui se répercutent aux quatre coins de la salle. L'ensemble est assez entraînant avec, sur certains titres, des passages instrumentaux qui font pencher la balance du côté psychédélique de la force. Pour le reste, on pense aussi un peu aux sales gosses de The Black Lips pour le côté garage surfeur. Rien de révolutionnaire à signaler ici. Lors du dernier titre, le chanteur échange sa six cordes en forme d'étoile à paillettes bleues contre une guitare double manche à dix-huit cordes en ne se servant que de douze d'entre elles. Niveau sonorités, on ne fera aucune différence avec la précédente, l'objet semble être plus un gadget qu'autre chose... Les Nantais quittent la scène et laissent les spectateurs, qui sont désormais assez nombreux, patienter quelques courtes minutes.

Vu et apprécié un soir de mai dernier à la Flèche d'Or en première partie de Peace et Merchandise, le groupe Splashh prend donc la suite. Leur premier album Comfort, sorti début septembre, a vite été catalogué par quelques oreilles paresseuses comme un simple ersatz des Pixies, mais c'est aller un peu vite en besogne, même s'ils reconnaissent en avoir ingurgité de grandes quantités. Après un faux départ et quelques réglages supplémentaires, la formation se lance dans Washed Up, un titre à l'introduction à la basse qui claque, qui crépite et à l'effet brouillon qui régale les oreilles. Sur scène, Sasha Carlson au chant et sa bande ont l'air sacrément décontractés, ils enchaînent sans même s'arrêter avec le rafraîchissant Lemonade. Le groupe prend soin de s'éloigner des versions studio et ajoute des plages instrumentales, parfois un peu trop longues à mon goût, qui font plonger les titres dans un bain de psychédélisme. Le single Vacation est joué avec application, il montre les différentes facettes du groupe, passant d'un état surf pop à un autre plus psyché avant de terminer en shoegaze. Le public reste encore bien sage à ce stade de la soirée. Sur l'inédite SKB, le chant se fait plus sale et criard et laisse envisager un changement de style pour la suite de leur carrière, confirmé quelques instants plus tard par l'autre nouveau morceau, Rehash, qui verra l'avant de la fosse se lancer dans un joyeux pogo. Lost Your Cool ne pourra pas cacher non plus que ces quatre lascars se sont gavés au son de Deerhunter, cela transpire dans leur façon de chanter et de jouer. Les synthés ont la part belle sur Feels Like You, qui emboîte musicalement le pas aux Australiens de Tame Impala. Pour conclure la soirée, c'est Need It, dans une version revisitée avec des boucles, des guitares qui partent dans tous les sens, un long pont instrumental avec comme un air de remix en roue libre, qui ferme la marche. Le joyeux bordel sonique prend fin, les musiciens fendent la foule et la salle peut donc se vider et tout un chacun retourner à ses activités de fin de week-end.

 

Splashh ont livré ce soir un bon concert qui aurait certainement gagné à ce que les morceaux ne soient pas systématiquement rallongés, comme pour faire du remplissage et approcher de l'heure réglementaire. Le groupe possède de bons titres, les nouveaux semblent moins propres et laissent entrevoir un bel avenir. Il faut donc prendre son mal en patience et attendre un prochain album pour savoir s'ils confirmeront cet essai et suivront la bonne direction.