Webzine indépendant et tendancieux

Live-Report
The Pop Group + Goat + Electric Electric - BBMix

12 décembre 2016
Rédigé par Florian Sallaberry

Parfois il faut faire des sacrifices. Passer le périph après 20h pourrait en paraître un pour certains. Et pourtant ceux-là ont tort. Si la banlieue sud-ouest de Paris n'est pas connue pour sa vie nocturne, le BBMix s'offre le luxe d'une programmation des plus pointues de l'Ile de France.  Cette année, les cultissimes et ultra-rares The Pop Group sont la tête d'affiche de la soirée du samedi aux côtés des japonais Goat et des remuants français Electric Electric



Comme à l'accoutumée,  la soirée s'ouvre par le vainqueur du tremplin Go West organisé par la ville de Boulogne Billancourt.. Cette année, ceux sont les jeunes Fantastic Mister Zguy et leur indie pop remuante qui lorgne parfois vers les ballades mielleuses sans pour autant provoquer l'ennui. Emmené par leur chanteur, animé d'une nonchalence à la Mac DeMarco, les cinq locaux joueront des chansons un peu plus rythmées en fin de concert aux mélodies enjouées invitant au passage leurs potes sur scène, tant mieux pour eux. 



Changement radical d'ambiance, les Electric Electric frappent fort d'entrée de jeu. Après une tournée avec leurs amis de la Colonie de Vacances (Papier Tigre, Marvin et Pneu), les strasbourgeois défendent leur album III sorti cette année. Mélangeant influences africaines (Bamako) ou plus métal (La Centrale), le groupe joue fort puis très fort pour achever ces chansons dans un océan noisy qui nous transporte, nous bouscule et finit par nous faire exhulter. Il est en effet difficile de rester avachi dans son siège tant la grosse caisse éveille en nous un besoin de danse et de convulsion. Fidèles adeptes de ces répétitions euphoriques et structures inhabituelles, nous sommes tantôt assomés, tantôt dérangés mais définitivement conquis par le son radical du trio.



Les japonais Goat s'installent sur scène. Groupe ultra-rare en France, les quatres jeunes hommes adoptent une position scénique timide. Assis en quart de cercle, ils se regardent,ne laissant personne entrer dans leur bulle de création. Tout en discrétion, le groupe construit de très belles structures de morceaux, où la rythmique, très précise, se veut exigeante et complexe. Une basse qui ne joue qu'un seul ton, une guitare effacée, un saxophone dont on ne saisit pas trop l'essence : je dois l'avouer, je ne suis pas emballé par le manque de variation dans les compositions des nippons, ce qui n'est évidemment pas le cas de notre photographe, qui emporté par ce doux courant, parfois atmosphérique, se sent comme un poisson dans l'eau. Un moment en dehors du temps, aux confins du post-rock. On aurait peut-être préféré être allongé sur un lit, à contempler l'indicible. 


C'est un peu divaguant, les yeux dans le vague que nous attendons The Pop Group. Un peu dans l'expectative, tout ceux qui ont écouté Y savent. Ce sont de vrais punks : des punks de 1978. Et puis qui ont disparu pendant plus de 30 ans. Cinq secondes de concert suffisent à convaincre : les mecs sont à l'avance, ils ont le son de Rage Against The Machine quinze ans avant. Il y a ce colosse, qui convulse et hurle dans son micro au point de provoquer d'énormes larsens. Il y a ce bassiste qui a le funk dans ses veines, qui transpire le groove. Il y a ce batteur complètement malade qui geint par moment. Il y a ce guitariste, qui ressemble à un papa, et qui s'agite dans tous les sens et qui, avec son saxo, nous livre quelques envolées free-jazz incroyable. Et puis il y a eu de l'électro et même du dub. Je redoute de ne pas trouver assez de superlatif pour décrire la claque, l'uppercut, le K.O. que me mettent ces mecs de Bristols qui ont l'air d'avoir 18 ans tant il y a d'énergie, de rage. Faut reconnaître, c'est du brutal. Le final,She's Beyond Good And Evil, dont on ne peut que vous conseiller l'écoute immédiate, est explosif et totallement jouissif. Comme d'habitude, le BBMix nous procure des émotions rares. Nous avions été bercé par l'incroyable Bonnie Prince Billy il y a deux ans. L'an dernier, nous avions pansé nos plaies avec Sylvain Chauveau. Cette année The Pop Group et Electric Electric nous aurons rendus euphoriques.