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Chronique de disque
Todd Terje - It's Album Time

18 avril 2014
Rédigé par Florian Sallaberry

 

 

Todd Terje - It's Album Time​

Sortie : 8 avril 2014

Note : 4/5

 

 


Todd Terje, moustachu venu du froid norvégien, souffle le chaud sur les dancefloors en signant une production électro nostalgique des années disco, empreinte de funk, de musiques latines, lorgnant vers la new wave : un cocktail explosif et hyper dansant.

Actif depuis le début des années 2000, Terje est assez discret dans nos contrées jusqu’à son EP It’s the arps (2012), disque lui ouvrant une porte dans la sphère indie et même plus (une collaboration avec Robbie Williams). Programmé lors du dernier festival Pitchfork à Paris en 2013, c’est en chouchou du webzine américain qu’il sort son premier album It’s Album Time, le son parfait pour ce printemps ensoleillé.

Le disque est conçu comme la  bande originale d’un film d’espionnage des années 60 dont le héros serait Preben, l’homme au Leisure Suit. On l’imagine assis sur une « Egg-Chair », une cigarette slim au coin des lèvres, au cœur d’une course puissante haletante dans le très rythmé Alfonso Muskedunder ou sirotant des margaritas au bord d’une piscine au son du piano-fou de Svensk Sas. Le travail sur le beat est impressionnant : aucun morceau ne se ressemble, la musique est optimiste et procure une furieuse envie de danser. On ne peut s’empêcher de remuer des épaules en s’imaginant trinquer avec 007, Austin Powers ou OSS 117.

D’autres morceaux posent une ambiance tout à fait différente : une sorte de rétrofuturisme, une plongée dans « L’An 2000 », celui des voitures volantes et des combinaisons de vulcain. C’est particulièrement vrai sur Delorean Dynamite et Oh Joy, on a voyagé avec Marty McFly, on entend les pistolets lasers et on se prépare à prendre la prochaine navette pour Proxima du Centaure. Là encore, la musique est dansante, avec une présence plus appuyée des basses, et l’utilisation d’un clavier rappelant Kraftwerk.
Au milieu de tous ces morceaux joyeux se cache le morceau le plus triste de l’album : la reprise du Johnny and Mary de Robert Palmer. Terje déstructure le morceau, en diminuant sérieusement les BPM de la chanson originale, pour produire une très classe ballade électro-new wave. On a l’impression de flotter, d’être en apesanteur, au ralenti, de voir flotter des objets autour de nous. La présence de la voix fragile de l’immense Brian Ferry, au chant limite chuchoté, ajoute du mystique à la composition.

Todd Terje propose avec  It’s Album Time  la bande originale d’un film qui n’existe pas. Nostalgique, empreint de la musique de compositeurs tels Henry Mancini ou François de Roubaix, le scandinave réussit à produire une musique agréable à écouter en terrasse comme en club. Il sera présent à Paris pour le festival Villette Sonique le 8 juin.