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Live-Report
Totorro + Maybeshewill - Le Petit Bain

28 novembre 2014
Rédigé par Amandine Hénon

Comme c’est devenu une habitude ces derniers temps, nous nous retrouvons en ce mardi au Petit Bain pour une soirée que nous attendions impatiemment depuis son annonce il y a maintenant plusieurs mois. Une belle double affiche mettant le post-rock à l’honneur, chose rare et jouissive s’il en est.

C’est donc vers 20h30 dans les cales du Petit Bain que se présente une première formation, Flood of Red, emmenée sur fond de Final Countdown (eh ouais, on a la classe ou on ne l'a pas, que voulez-vous ?!). Le groupe nous propose un gros mur de guitares bercé par un chanteur déconcertant ; en effet, si sa voix frêle et fragile se perd parfois dans les aigus, il flirte tout aussi bien avec le hardcore. Les Ecossais s’essaient à différents styles, du math-rock au dark un brin cheesy façon 80’s et les limites de la voix se font vite ressentir. Si leur prestation ne sera pas mémorable, elle reste cependant honorable, même si l’on sait déjà que le meilleur reste à venir.
Nous changeons donc littéralement d’ambiance et quittons le sombre pour un ton bien plus enjoué avec Totorro. D’emblée, notre regard se pose sur le batteur, aussi expressif qu’il n’est doué. Le blondinet maigrichon, raie sur le côté, chemise boutonnée jusqu’en haut (chemise qu’il tombera d’ailleurs au bout de quelques titres), brouille les pistes et sous ses airs de jeune premier, il nous surprend rapidement par sa fougue. À la manière de formations telles qu’And So I Watch You From Afar, la musique de Totorro et ses rythmes très stop and go se veut fédératrice : quelques bribes de chant « oh oh oh » entonnés en chœur par l’assemblée et l'ambiance est posée Ce sont les montagnes russes au sein d’un même morceau qui peut vous faire planer ou remuer les fesses en moins de deux minutes. Le niveau de virtuosité est impressionnant mais on ne tombe jamais dans la démonstration gratuite.
Le public en redemande et alors que les jeunes Bretons prennent la parole pour remercier les acclamations, ils n’oublient pas de un hommage bien mérité à Christophe Ehrwein, fondateur de Kongfuzi et soutien de Totorro de la première heure.
Après cette prestation de haute voltige, pas question de reprendre son souffle puisque l’instant est désormais dédié aux magiciens de Maybeshewill.
Découverts en live il y a un peu plus de deux ans en première partie des non moins talentueux …And you Will Know us by the Trail of Dead, il nous tardait d’apprécier en live le contenu de leur nouvel album, Fair Youth, fraîchement paru. Chez les Anglais, personne ne se dispute la vedette : pas de frontman et pourtant, le groupe ne manque pas de présence. Leur post-rock quasi instrumental (parfois ponctué de bandes son, sorte de tradition du genre) délivre à la fois sa dose de stéroïdes mais nous fait aussi du bien d’une manière toute douce. Sorte de mélange entre la féerie et l’ambiance atmosphérique d’un Explosions in the Sky et le caractère racé et bruyant d’un Pelican,  Maybeshewill sublime son post-rock avec des claviers vaporeux. Malgré quelques problèmes techniques en début de set qui nous font perdre une des guitares, les Anglais ne se démontent pas et continuent sans sourciller. Contrairement à beaucoup de leurs aînés, Maybeshewill préfèrent des morceaux dépassant rarement les cinq minutes, pour garder un standard dynamique.
Peu de blabla entre les morceaux, si ce n’est à la fin puisque le groupe clôt aujourd’hui sa tournée. Les remerciements vont donc bon train et au fond de la salle, les membres de Flood of Red, visiblement bien imbibés, hurlent leur amour inconditionnel à leurs potes.

Pas de déception ce soir pour cette grande messe du post-rock : Totorro et Maybeshewill ont tenu les rênes et ont su nous apporter une bonne dose d’émotion. Avec des approches différentes, ils ont rendu hommage à la musique instrumentale et on les en remercie chaleureusement.