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Live-Report
Trentemøller - L'Ososphère

07 octobre 2014
Rédigé par François Freundlich

Trentemøller - L'Ososphère
La Coop de Strasbourg, le 26 septembre 2014



Le génie danois Trentemøller a récemment fait parler de lui pour son très bon dernier album Lost, chroniqué dans ces pages, avec notamment des featuring de rêve : Low, Blonde Redhead ou The Raveonettes. Nous étions donc fébriles à l’idée d’assister aux adaptations live de ces morceaux lors du festival Ososphère à La Coop de Strasbourg, ancien site industriel du port du Rhin transformé en temple de la musique électronique pour l'occasion.

Alors que la soirée fait la part belle à la musique électronique, attirant sauvagement les adolescents ayant terminé les fonds de bars de leurs parents, Trentemøller va ouvrir la soirée de la manière la plus électrique qui soit en déchaînant les guitares, synthés, contrant les DJs Gesaffelstein ou Fritz Kalkebrenner également présents ce soir. L’introduction fut pourtant énigmatique, le Danois cachant son jeu en restant dans l’ombre de lumières n’éclairant que l’arrière de la scène. Quelques nappes de synthé et autres excitations rythmiques parviennent déjà à nous faire remuer, mais on en attend davantage. Anders Trentemøller nous fait penser à Robert Smith avec son maquillage dark et sa silhouette inquiétante. Son groupe lorgne avant tout du côté du rock avec des demoiselles au look androgyne aux guitares et basse ainsi qu’un guitariste qui nous gratifiera de quelques solos épiques.

Dès le troisième titre, le musicien va assumer son passage de la dance music au rock tendu en libérant totalement son show toutes guitares électriques dehors. Il s’excitera derrière ses multiples synthés alors que des sortes d’épuisettes de pêche géantes suspendues apparaissent à l’arrière de la scène. Les sonorités revêtent un aspect 80’s avec ces saturations post-punk comme sur Come Undone. Cela nous fait immédiatement de l’effet : le dancefloor ne s’y trompe pas et s’anime au fur et à mesure que le chapiteau géant se remplit. La charismatique Marie Fisker s’avance alors sur le devant de la scène pour assurer les parties vocales des extraits de Lost. Elle fait raisonner sa voix grave sur Candy Tongue, dont elle est l’interprète originale, mais aussi sur le Gravity de Jana Hunter (Lower Dens) ou le River of Life de Ghost Society. Toute l’attention se porte alors sur elle : parvenant à se mettre le public dans la poche ou sautant le poing levé à l’avant de la scène. Mais le set est majoritairement instrumental. Marie retrouve alors sa guitare, laissant Anders proposer des versions live améliorées et surprenantes de ses nouveaux morceaux. Les guitares lourdes se mélangent et se perdent dans des dérivations parfois psychédéliques, voire parfois carrément blues. Trentemøller se payera le luxe de se retrouver seul sur scène pour un passage électro-minimal accompagné d’un xylophone.

Trentemøller a bien franchi toutes les barrières entre le rock et l’électro avec une maîtrise parfaite de ses morceaux. Son groupe parvient à leur donner une dimension supplémentaire avec des passages improvisés en variation permanente. Le show du Danois a enflammé le public comme un concert d’électro et l’a pris aux tripes comme un concert de rock. En voilà un qui a tout compris. 


Photos de Eric Schneider