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Live-Report
Von Pariahs à La Cigale

15 octobre 2013
Rédigé par Amandine Hénon

Von Pariahs
10 octobre 2013 - La Cigale, Paris

Dans le cadre de la quatrième édition du festival Les Envolées, La Boule Noire et La Cigale recevaient un panel large et éclectique de groupes français en devenir. La particularité de cet événement, représentant exclusivement des groupes hexagonaux, est donc une aubaine pour dépoussiérer les idées reçues sur le renouveau frenchy.

Du côté de La Cigale, l’affiche flirte avec Albion puisque deux des trois formations voient leur chanteur venir d’outre-Manche.
Pour commencer la soirée, The Lanskies ne bénéficieront pas des conditions optimales : non seulement l’étage a été fermé mais la fosse est elle aussi très clairsemée lorsque le concert débute. Le groupe, mi-anglais, mi-normand, se révèle être aux antipodes des rock stars telles que nous nous les formalisons souvent ; le chanteur en particulier, sourire vissé aux lèvres et gestuelle de cabaret, jouera durant tout le set un jeu quasi burlesque où il sera difficile de garder son sérieux. Les influences de The Lanskies sont quant à elles coincées quelque part entre Art Brut et Bloc Party, avec une légèreté constante, mais nous cherchons encore où se trouve le post-punk qu’on nous vendait dans les dossiers de presse.
Justement, ce post-punk, Von Pariahs en est l’incarnation suprême. Véritables OVNI dans le paysage musical français, ils traînent avec eux leur musique abrasive et incisive et se font écho d’un style plus réservé aux Anglo-saxons qu’aux Froggies. Auteur d’un premier album, Hidden Tensions, sorti le 30 septembre, le sextet semble être le centre de toutes les attentions et de toutes les attentes. Comme ils avaient déjà eu l’occasion de nous le prouver à plusieurs reprises ces derniers mois, Von Pariahs sont un groupe de scène et nous pouvons imaginer que les brûlots de l’album éclateront sans retenue ce soir. Jeans retroussés et Doc Martens aux pieds, Sam, avec sa dégaine d’Anglais nonchalante entame un Carolina tendu, sur le fil. Sans perdre un instant, le groupe installe son public dans son univers monochrome évoquant une époque où Wire balançaient leur Pink Flag et Television leur Marquee Moon. D’un Richard Hell, ils ont gardé la guitare agressive tandis qu’ils ont retenu de Wire le goût de l’expérimentation qui a permis au punk de venir s’aventurer vers de nouveaux horizons. Histoire que nous ne perdions pas le fil, Skywalking, l’un des titres phares de leurs lives, est joué dès le début du concert et dès lors, chacun des membres est comme possédé : tandis que Théo, compositeur attitré du groupe, balance ses petits cris et assure les backing vocals, le chant de Sam se fait cinglant et nous nous retrouvons à entonner cet hymne au renouveau du rock français, celui sans une once de compromis, celui-là même qui n’a pas été créé afin de plaire à un public ciblé et qui, pourtant, rassemble les aficionados du genre. À notre droite, deux jeunes hipsters osent timidement un « C’est un peu violent tout de même ! » ; oui, les Von Pariahs sont habités, aiment les sonorités brutes et les batteries martiales et c’est tant mieux. Loin des groupes popisants flirtant avec les bassesses 80’s (nous ne les nommerons pas, la liste serait d’ailleurs bien trop longue), eux leur préfèrent le côté plus obscur de la même époque.

Venant asseoir le potentiel d’Hidden Tensions, les Von Pariahs ont réussi à convaincre les derniers sceptiques grâce à une prestation hargneuse, convaincante et terriblement efficace. La force de leur interprétation nous laissera une impression telle que nous ne tenterons même pas d’écouter quelques accords de Griefjoy (ex Quadricolor).

Photos Alan Kerloc'h