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Live-Report
Zola Jesus au Café de la Danse

09 octobre 2013
Rédigé par Amandine Hénon

Zola Jesus
4 octobre 2013 - Le Café de la Danse, Paris

Nika Roza Danilova, aka Zola Jesus, remue les cœurs et fait chavirer les âmes depuis quelques années maintenant à grands coups de musique électronique très sombre relevée par sa voix fantasmagorique. En août dernier, elle décidait de laisser de côté ses machines pour nous proposer Versions, album revisitant certains de ses titres dans une version épurée, accompagnée d’un quatuor à cordes et du producteur JG Thirlwell, ponte de la musique industrielle.
En visite ce soir au Café de la Danse, c’est donc cette facette plus émotionnelle que la jeune Américaine devrait nous laisser entrevoir.

Lorsque nous nous présentons devant la salle, nous trouvons porte close et une longue file s’étire tout au long du passage. Il faut dire que si Le Café de la Danse n’est pas réputé pour terminer ses concerts à des heures indues, l’organisation n’a pas à se presser puisqu’aucune première partie n’est aujourd’hui programmée.
Glisser dans un concert sans un « artiste de chauffe » au préalable est toujours un exercice difficile (on se souvient de ce set de Brett Anderson à la Machine du Moulin Rouge où, à peine entré, le public avait tout juste eu le temps de rejoindre la scène car le groupe commençait à jouer ; expérience étrange) et la configuration intimiste prévue ne va pas nous y aider.
Initialement enregistré pour une performance au musée Guggenheim, Versions est finalement porté en tournée, ce qui sera l’occasion de redécouvrir Zola Jesus sous un autre angle. Issue d’une formation lyrique, Danilova est une artiste à voix et elle va pouvoir nous le prouver et sublimer celle-ci grâce au quatuor de cordes présent pour l’occasion. Alors que les quatre filles ont déjà pris place sur scène avec leurs instruments et que le musicien-savant fou, JG Thirlwell, et sa tignasse blonde sont aux commandes, Zola Jesus fait son entrée ; drapée dans une longue et légère robe noire, ornée d’un gros bracelet en argent en haut du bras et ayant laissé de côté sa chevelure blonde au profit d’un brun plus austère, Danilova, à son habitude, n’a rien laissé de côté du point de vue de l’esthétique, si ce n’est le choix de gros sabots façon danoise. La naïade choisira de très peu discuter entre les morceaux (si ce n’est pour s’excuser d’être malade et pour présenter ses titres), préférant rester plongée dans l’ambiance glaciale de sa musique. Fœtus, en chef d’orchestre des temps modernes, dirige le petit groupe et permet à Zola Jesus de rester en connexion avec la musique industrielle qu’elle chérit tant. Ce soir, le concert livré restera très monochrome et les cordes, au lieu de sublimer les morceaux, auront plutôt pour effet d’en faire ressortir une certaine vacuité. La voix de l’Américaine, mise en avant par la réorchestration, devient le point central de la prestation, jusqu’à provoquer une certaine lassitude. Malheureusement, on verra à certains moments poindre le pathos, là où au contraire on s’attendait plus à la sobriété, et ce n’est pas la gestuelle de la demoiselle qui y remédiera. Parallèlement, il est difficile de ne pas être sous le charme face à son aisance et son charisme lorsque, tout naturellement, elle descend dans le public pour interpréter un de ses morceaux.

Dans sa version épurée, Zola Jesus aura livré un set en demi-teinte, avec quelques longueurs. Les fans auront probablement apprécié l’exercice de réinterprétation alors que les autres auront perdu la dimension électronique de l’artiste qui fait pourtant sa réputation.