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Live-Report
Joy Wellboy à La Laiterie

19 novembre 2013
Rédigé par François Freundlich

Joy Wellboy à La Laiterie - Strasbourg
13 novembre 2013


La Belgique a le chic (freak out !) pour produire une foule de groupes parmi les plus intéressants et les plus surprenants. Le duo Joy Wellboy, découvert avec le très bon album Yorokobi’s Mantra, en fait partie. Joy et Wim avaient la lourde tâche d’ouvrir la voie aux stars anglaises de Morcheeba devant la salle comble de La Laiterie. Un peu impressionnés au départ, la prestation n’en fut que meilleure par la suite.

La voix  de Joy Adegoke a ceci de particulier : elle nous envoûte immédiatement de par son phrasé délicat et piquant à la fois.  Elle possède une fraîcheur mystérieuse nous enveloppant complètement lorsque les syllabes s’écoulent sans vraiment s’attacher entre elles. Son personnage un peu allumé se détache de l’ambiance glaciale et habitée des instrumentaux trip hop aux redondances électroniques. La pédale de loop fait son œuvre sur des passages parfois très électro, même si un batteur n’aurait pas été de trop, alors que le guitariste Wim Janssens apporte la touche électrique parfumant le tout d’un indie rock planant. Lorsqu’il chante à son tour comme sur l’excellent duo Lay Down Your Blade, sa voix grave et profonde n’est pas sans rappeler Tom Barman (dEUS) sans vouloir être en proie au belgicisme aigu. Quelques rythmiques nous auront également rappelé les dernières livraisons studio du groupe d’Anvers.

Mais ce couple bruxellois possède sa propre identité avec des sonorités alambiquées et suspendues tirant une ficelle entre la noirceur de Nick Cave et la délicatesse de cette voix aiguë rappelant Martina Topley-Bird (Massive Attack) ou la fragilité de Kazu Makino (Blonde Redhead). Le nœud Joy Wellboy se situe bien au centre de cette galaxie d’étoiles. Même sur certaines phrases chantées en français, la voix conserve son angélisme, ce qui est impressionnant étant donné la difficulté de passer de l’anglais à notre langue. Ajoutons également le petit côté mignon du couple, comme sur Buy Me Flowers où Joy précise que la chanson a été écrite car Wim ne lui achète jamais de fleurs. Ce dernier se saisit d’une basse sur la minimaliste I Can Handle, où seule une légère rythmique accompagne une voix murmurant un texte qui s’achèvera dans des chœurs psychédéliques bouclés.

Une touche de folie anime ce duo dont l’adaptation live de son très riche album mériterait plus de musiciens sur scène. Nous ressortons néanmoins conquis par ce court concert de première partie qui augure une suite joyeuse pour Joy Wellboy. La relève du plat pays est bien là.


Photos de Eric Schneider