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Live-Report
The Chap + The Wave Pictures - Petit Bain

30 octobre 2015
Rédigé par Florian Sallaberry

Triple The à Petit Bain. Pour cette soirée dominicale, la péniche du 13ème arrondissement invite le meilleur groupe du monde : précédés par les français The World et suivis par leurs compatriotes britanniques The Wave Pictures, les déments The Chap !

Le trio rouennais The World ouvre la soirée. Oscillant entre pop-rock vitaminée et sonorités rock FM rappelant les heures les plus sombres des années 1980, le groupe peine à convaincre. Les contortions et grimaces du guitariste n’y feront rien, nous ne sommes pas clients de ses solos lancinants, pas plus que du remplissage abusif à la batterie ou des changements de rythmes brutaux et transitions hasardeuses.  Quelques spectateurs y trouvent tout de même leur bonheur : oui, la musique de The World peut plaire. Oui, mais c’est vraiment pas pour nous.

 

Mais nous oublions très vite ce concert. Déjà The Chap sont là, et ils explosent tout. Dans une énergie absolument incroyable, les cinq membres du groupe vont enchaîner un nombre incalculable de titres dans l’heure qui leur est allouée. Venu défendre leur leur 7ème album, The Show Must Go, sorti le jour même, le quintet est venu en formation complète. Après une mise en bouche instrumentale, le charismatique Johannes von Weizsäcker nous annonce une “political rock song” : il s’agira du running gag de la soirée, l’Allemand aux rouflaquettes utilisera la même expression pour désigner toutes les chansons qu’il présente, en particulier pour un brûlot punk uniquement composée d’onomatopées, texte “très politique”. Les chants sont scandés à plusieurs, parfois même tout le groupe s’y met. Le son de The Chap nous prend par les tripes et nos hanches n’obéissent qu’au groove impeccable de Dr. (s’il-vous- plaît) Panos Ghikas à la basse, au look scout (bermuda-chemisette). The Chap occupe la scène de Petit Bain comme personne d’autre : ça saute, ça danse, ça hurle et ça se permet des chorégraphies ridicules. Mais quel pied ! Ce son déstructuré, rappelant les guitares de Deerhoof notamment, et totalement nihiliste oscille quelque part entre punk (une reprise hallucinante et survitaminée du Here’s to you de Joan Baez) et sonorités pop (What Did We Do).  Le très attendu Carlos Walter Wendy Stanley nous permet de faire admirer nos plus beaux déhanchés. Le concert se termine trop vite, malgré tous les efforts pour enchaîner les chansons le plus rapidement possible, nous en voulons encore !  

Pour clôturer la soirée et surtout avoir la difficile tâche de passer après la folie The Chap, les anglais The Wave Pictures nous proposent une pop rock anglaise classieuse. Assez statique sur scène, le trio (guitare, basse, batterie, classic-shit) envoie tout de même un rock puissant et jouissif. Le chanteur inaugure le “concert à la demande”, demandant au public quelles chansons ils souhaitent entendre de leur large répertoire et les intégrant à leur set. Enchaînant leurs compositions efficaces, les Anglais nous rappellent les Modern Lovers, les Smiths ou les plus récents Libertines par moments. Point d’orgue du concert, le batteur vient chanter la très jolie ballade Now you are pregnant, une déception amoureuse sur fond de mort de Johnny Cash.


Mais j’y repense maintenant. On m’avait prévenu : The Chap est le meilleur groupe du monde.