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Live-Report
Lambchop + The Wooden Wolf à la Laiterie

06 février 2015
Rédigé par François Freundlich

Lambchop + The Wooden Wolf
La Laiterie, 28 janvier 2015



Une soirée folk s'annonce souvent comme réussie, d’autant plus si l’Américain Lambchop, l’un des maîtres et vétérans du genre, est présent. Il nous propose ce soir à La Laiterie de rejouer son fameux album Nixon, sorti en 2000, qui l'a fait connaître à un public plus large. La première partie est assurée par l’étoile montante de la folk hexagonale : The Wooden Wolf. Pour l’occasion, on a troqué nos appareils photo contre des crayons et nos objectifs contre des taille-crayons, pour un report dessiné encore plus boisé.

C’est seul face à son micro que Alex Keiling, alias The Wooden Wolf, s’installe au centre de la grande scène de la Laiterie où il semble un peu perdu. Il n’est cette fois pas accompagné de ses compagnons au violoncelle et à la guitare qui donnent à ses chansons encore plus de profondeur. Qu’importe, leurs versions dépouillées sont tout aussi délicieuses à écouter et sa voix saisit instantanément et intensément tout l’espace de la salle, devant un public qui arrive doucement. La guitare est électrique ou acoustique mais génère le même sentiment de mélancolie, appuyé par la solitude du songwriter. The Wooden Wolf parvient à nous toucher sur chaque titre, que ce soit la brumeuse Your Drinking Shoulder ou la plus sombre We Can’t Find The Light avec son refrain répété à l'infini. On pense parfois à Ryan Adams ou Ray LaMontagne. Alex raconte ensuite une petite histoire introduisant le titre Louise, qu’il a composé après qu’un homme lui a téléphoné en disant « Louise, je suis désolé, reviens », faux numéro du désespoir. Une petite complainte plus courte que son explication. On attend de pied ferme un troisième album dont les nouveaux titres s’annoncent tout aussi beaux que ses albums 14 Ballads Op.1 et Nocturnes & other songs Op.2. Kurt Wagner de Lambchop lui-même a trouvé le concert très beau, il n’y a donc rien à ajouter.

Kurt Wagner et son groupe Lambchop s’installent en demi-cercle sur la scène de la Laiterie, pour un concert tout en retenue. La casquette de type Bubba-Gump bien vissée, le songwriter de Nashville annonce qu’ils joueront l’album Nixon dans son intégralité, à l’occasion de sa réédition, puis rentreront chez eux. Ce genre de blagounettes parsèmera le concert, même si celles du claviériste seront un peu plus osées. Le son est précis et limpide, ne s’imposant pas dans un volume outrancier mais laissant les multiples instruments flotter dans une certaine quiétude. Saxophone, clarinette, trompette, piano et guitares sont au rendez-vous pour apporter un aspect jazz-folk aux compositions. Nous sommes de notre côté installés à côté du batteur au jeu jazzy et nos récents passages dans les salles obscures nous donnent presque envie de lui réclamer Whiplash en lui lançant un crayon. Mais non, tout n’est que douceur, calme et volupté dans ce concert : si vous étiez stressé, vous en ressortez avec le tensiomètre inversé. La rythmique s'accélère quelques fois en un math-folk entêtant. De nombreux fans ont fait le déplacement, acclamant comme il se doit ce fameux titre qui a propulsé le groupe : Up With People, dont on se souvient du remix de Zero 7. La voix de Kurt Wagner au phrasé si particulier s’élève à peine, avec ces syllabes découpées semblant s’arrêter net. La reprise de Curtis Mayfield, Give Me Your Love, en quasi-instrumental, conclut la première partie du set et l’album Nixon. Mais le sextet reste en place pour interpréter quelques autres perles, comme la fameuse Gone Tomorrow aux accents plus folk-pop avec sa guitare acoustique glissante et marquante. Rappelé des coulisses, Lambchop proposera un rappel avec une reprise de David Bowie, Young Americans, porté par les chœurs légers de tout le groupe. On ne pouvait pas mieux conclure cette soirée.

Voilà deux concerts qui ont su nous reposer les oreilles avec l’intensité écorchée de The Wooden Wolf suivie de la légèreté classieuse de Lambchop. Et à concert particulier, dessins originaux !


Dessins de Daisy Gand