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Pour notre grand retour dans la salle de La Laiterie, une affiche intéressante nous a attiré avec un groupe culte du rock des années 90 et une jeune anglaise aux compositions feutrées. Hannah Lou Clark ouvrait tout en douceur cette soirée qui allait s’achever dans la fureur avec les belges de K’s Choice, plutôt très excités.
Après la fin de l'aventure pour son groupe Foe, Hannah Lou Clark lance ce projet solo s'annonçant des plus prometteurs. Elle s’avance seule, mais accompagnée de sa guitare sur la grande scène ou elle semble de première abord un peu perdue. Dès les premières notes, ce sentiment s’estompe et l’anglaise prend possession des lieux en dispersant une ambiance sombre et ténébreuse avec des compositions de rock alternatif tirant vers un grunge déviant. Le tout est porté par une voix lumineuse et juvénile rappelant parfois la langueur de Scout Niblett. Hannah Lou Clark reste dans un mystère permanent en fredonnant du bout des lèvres son excellent single Kids In Heat, sensuel et tremblotant, rappelant les meilleurs titres de Sharon Van Etten. Lorsque sa seule voix a capella succède à un déferlement électrique, on ne peut que rester bouche bée. On regrettera néanmoins qu’une seule boite à rythme essoufflée ne l’accompagne : la présence d’un groupe aurait certainement apporté une profondeur supplémentaire à ses enivrantes compositions. Parmi celles-ci, nous retenons particulièrement Matilda, piquante à souhait lorsque la demoiselle se frotte au refrain dérivant vers de tendus et torrides aigües. Voilà un projet à suivre avec attention, Hannah Lou Clark repart un peu hagarde face à un public conquis et n’hésitant pas à l’acclamer. On attend l’album impatiemment.
La tête d’affiche de la soirée n’est autre que de vieilles connaissances belges : les K’s Choice sont toujours là et parviennent à remplir des salles de taille moyenne grâce à un public fidèle et sans trop de communication, chose rare pour un groupe de plus de 20 ans. Nous retrouvons le son décomplexé de ce rock 90’s, façon Skunk Anansie ou The Smashing Pumpkins. Les K’s Choice ne se font pas prier pour lâcher de gros riffs auxquels on ne s’attendait pas vraiment. Les Anversois sont bruts de décoffrage et nous lâchent des uppercuts quitte à perdre la subtilité pop qui les caractérise. La voix de l’androgyne chanteuse Sarah Bettens, toujours plus musclée et tatouée n’a rien perdu de sa suavité et sa chaleur, elle pousse même parfois son organe dans des cris rageurs. Le groupe se connaît par cœur et on sent bien cette cohésion entre les frères et sœur Sarah et Gert, ce dernier assurant les chœurs ou le lead sur ses propres morceaux. L’énergie déployée est énorme, Sarah faisant figure de pile électrique en mouvement constant, tout comme le bassiste à la moustache rebelle. Le concert se veut néanmoins assez inégal avec certains nouveaux morceaux assez fades, misant tout sur l’euphorie de leur adaptation live. On s’attendait à davantage de profondeur là ou K’s Choice se perd en redondances alambiquées. On se retrouvera évidemment sur les tubes comme la puissante Not An Addict ou l’entêtante Everything For Free qui ne vieillit décidément pas.
Voir K’s Choice en 2015 nous a propulsé en 1995 en un rien de temps et la nostalgie des vieux tubes l’a emportée sur un sentiment global mitigé. Il restera néanmoins cette excellente découverte avec la fraicheur d’Hannah Lou Clark dont le premier EP est à écouter sans modération.
Photos de Eric Schneider
