Webzine indépendant et tendancieux

Live-Report
Les 20 ans de MOWNO à Petit Bain J1

26 juillet 2017
Rédigé par Cannelle Garcia

Pour ses 20 ans, le mag Mowno nous sert une Mind Your Head de haute volée. Deux soirées à Petit Bain, les 16 et 17 juin derniers mettant à l’honneur l’électro puis le rock pour fêter comme il se doit les deux décennies de ce webzine musical « culture, mensonge et Rock&Roll ».

 

19h. Les portes de la salle de concert de Petit Bain n’est pas encore ouverte, nous sommes peu nombreux à attendre devant les grilles. Pourtant le programme est tellement alléchant, notamment avec la reformation tant espérée d’Abstrackt Keal Agram !
Et comme à chacune des soirées passées à Petit Bain, je respecte mon rituel : fixer des yeux le bouchon-boule à facette solidement ancré au plafond, qui oscille au gré des mouvements de la Seine. C’est mon repère qui me fait dire à chaque fois « putain, ça tangue »

C’est à 19h30 pétante (on aime la ponctualité sans faille de Petit Bain) que Bornor se présente sur scène, Stéphane Fromentin est, pour ce set, accompagné par une batterie et des machines. Mais la composition de Bornor ne s’arrête pas là, les images projetées contribuent à créer une atmosphère envoutante et intimiste. Avec Bornor, c’est la première fois que le rennais joue de sa voix dans ses compositions, apportant un degré de lecture supplémentaire à ses morceaux. Un subtil mélange de force et de douceur, des nappes mélodiques qui nous transportent, bande son aquatique d’un film spatial. Après un début de set tout en lenteur et envoutement, les rythmes de batterie prennent de plus en plus corps ajoutant une dimension Krautrock à cet univers déjà électro Trip-hop. Bornor est une très belle découverte et est définitivement à suivre de très près.

Le temps de remonter prendre l’air, les machines de Mont Analogue (anciennement Mount Analogue) prennent place dans la fosse. Comme une sorte d’installation d’art contemporain, nous sommes à deux pas de Ben Lupus et Alex Van Pelt. Le nom du groupe des parisiano-lyonnais nous met déjà dans l’ambiance, emprunté au roman inachevé de René Daumal, dont le sous-titre annonce « Roman d'aventures alpines, non euclidiennes et symboliquement authentiques », un voyage dans de lointaines contrées nous attend et nous ne serons pas déçus. Le visage penché sur leur machine, nous sommes tout de même contemplés par 2 visages énigmatiques, des masques, qui ornent leurs têtes, tout droit sortis du théâtre Kabuki. C’est clairement vers des monts japonais que ces deux-là nous emmènent. Entre simplicité des sons, et complexité des nappes, une pointe de 8-bit, il est difficile de classer Mont Analogue. Nous sommes transportés, nos têtes vacillent au gré des rythmes mouvants et envoûtants. Ce set ne nous laisse pas indemne, il nous faut le temps de redescendre du Mont Analogue, et se jeter sur leur album éponyme.

On peut dire qu’ils étaient attendus, 10 ans c’est long, à vrai dire c’était même inespéré ! Abstrackt Keal Agram fêtent leur retour avec un nouveau morceau Kealagram, et la réédition de leurs 3 albums. Après s’être attelés à des projets solos, Lionel Pierre (aka My Dog is Gay) et Tanguy Destables (sous le pseudo de Tepr) ont ressorti les machines, la guitare, et les beats ce soir à Petit Bain. Il ne nous en fallait pas moins, on trépigne un peu quand A.K.A monte sur scène, on est tout devant, prêt à en prendre plein les oreilles. On ne sera pas déçu, on s’attendait à une reformation tout en puissance, et c’est là devant nous. On voit évoluer les bretons, s’affairant sur les samples, ressortant la guitare. C’est aussi bon qu’il y a dix ans, le public opine au rythme des beats hip-hop, est en transe sur l’électro ciselée. A.K.A crée et recrée devant nous une bande son, qui serait parfaite pour mettre en scène un gangster rétro lucide et désespéré, mais diablement beau. Les morlaisiens ont réussi à se renouveler, nous offrant définitivement un son toujours aussi bon. Le retour d’Abstrackt Keal Agram promet une fin d’année 2017 jouissive !