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Live-Report
Les Eurockéennes de Belfort 2017 - Jour 2 (vendredi)

16 juillet 2017
Rédigé par Fanny Bonely

Hier, nous vous racontions comment, avec malice et ruse de sioux, nous avions usurpé des canettes promotionnelles 100% aspartam. Aujourd’hui, nous vous révélerons tous les secrets pour se couvrir la tête à moindre frais - ATTENTION TEASING.

 

Vendredi - Menu maxi best of

Bon alors déjà, on monte dans la navette et qui on croise ? Qui on croise ? Les plus grands boloss de Franche-Comté : les étudiants de l’école d’ingé du coin.

16h30. Ronds comme une queue de pelle. Hurlant des hymnes paillards d’un goût certain. S’interpellant d’une extrémité à l’autre du bus, bière dans la main droite, fond de whisky dans la main gauche, tube de poche à eau (sans eau) dans la bouche. C’est la fuite des cerveaux en tout schuss vers le Lac de Malsaucy.

Arrivés sur le site nous récupérons notre précieux (cf épisode précédent), avant de se diriger vers l’espace presse (oui car nous sommes des crevards de VIP) pour rencontrer La Femme qui se produit ce soir sur la Green Room. Le groupe est content d’être à Belfort “On joue à 00h45, c’est cool, les gens sont déjà bourrés et plus dans l’ambiance à cette heure-là” - ça promet.

Nous nous dirigeons ensuite vers la Green Room où se produit Tash Sultana. Casquette à l’envers et pieds nus sur son tapis ethnique, on croirait presque avoir passé la porte d’une chambre d’ados. Pourtant, la jeune Australienne nous fait vite comprendre que nous ne sommes pas là pour écouter du Tryo entre deux pétards, et, seule avec sa guitare, arrive à réveiller Belfort avec son blues-rock dépaysant.

Puis, c’est l’heure de se diriger vers la grande scène où se produit
Idles : groupe post-punk allumé. Les anglais dévorent la scène, chemise à fleurs tous poils dehors. C’est vif, puissant, avec un coeur tout mou dedans. Nous repartons direction la Green Room pour voir le grand enfant Devendra Banhart. Avec son look de folkeux à la Llewyn Davis, il nous conte des ballades de sa voix si particulière et finit, comme toujours, avec quelques titres en espagnol pour la touche caliente.

Et chaleur il y a, en cette deuxième journée des Eurocks, et nous craignons l’insolation (liberté, soir d’été, fragilité) quand nous apercevons au loin une figure familière. Elle s’élance,  au milieu de la foule, belle d’abandon. C’est bien elle : une saucisse de Montbéliard de près d’un mètre quatre-vingt se présente sous nos yeux. On vit un rêve de gosse obèse éveillé. Le fantasme parle, nous propose une photo, nous conseille de goûter à ses copines miniatures, et pour nous remercier nous offre des chapeaux de pailles labellisés “Saucisse de Montbéliard”.

Nous sommes donc désormais les heureux propriétaires d’une photo avec une saucisse géante et de chapeaux à l’effigie de notre bien-aimée. Des souvenirs pour toujours. Tournez-manège dans nos coeurs. J’en ai encore le gras à l’oeil.

Mais pas de temps pour cette idylle, on file sur la plage remuer au son des Parcels. Devant leur rideau doré, ils font funker les guitares et les claviers pour notre plus grand plaisir. Alors oui, les rageux diront (à raison) que c’est toujours pareil, mais le toujours pareil cool et content à boucles blondes, c’est un toujours pareil validé.

Changement d’ambiance avec les français de Gojira. Réputés pour l'efficacité de leurs prestations live, ils ne nous déçoivent pas ce soir : ça bourrine sévère sur la Green Room, forfait pyromanie included. On file ensuite voir les canadiens d’Alaclair Ensemble. Alors là, notre objectivité est totalement biaisée car comme 99,9% de nos compatriotes on voue un culte secret à Céline Dion (reine parmi les reines), on aime regarder des films de Xavier Dolan en mangeant des pépitos (“Ben j’parle p’tet pas l’français d’France mais j’parle français tabernacle”), et le sirop d’érable… hm, ai-je vraiment besoin de vous expliquer pourquoi le sirop d’érable ?
Bref, les mecs ont un accent québécois et ça a suffit à nous rendre très heureux.


On criss not’camp d’là pour aller voir Editors sur la Grande Scène. Rien à dire, les gars sont là, même si le son très formaté des anglais ne nous a jamais vraiment retourné l’estomac (et tant mieux car il y avait des restes de saucisse dedans). Direction le psycho-tropical-Berlin de La femme. Comme ils nous l’avaient promis, ils sont bien réveillés et prêt à nous faire danser. Ils ouvrent sur Sphynx et ses rythmes coldwave avec une danseuse - sorte de nymphe aux seins nus, figure récurrente chez La Femme - qui nous propose de rejoindre le mouvement. Ça parle, mycoses, quête d’identité sexuelle et amour à trois. Ça part dans l'électro-pop, la surf music et le psyché. Comme prévu, le public est présent et répond à l’appel. On danse, on danse, et au bout d’un moment on ne comprend plus bien ce qu’il se passe : l’un est en train de se faire raser la tête par la danseuse, l’autre entonne des chants paillards, il est maintenant 02h00 et ça part dans tous les sens.

Direction la Grande Scène ! Là,
Moderat nous attend en mode FINISH HIM. Les berlinois en imposent, tant visuellement que musicalement : c’est la fête des sens. On ne sait plus trop où donner de la tête. C’est beau, vraiment beau. Et c’est déjà l’heure de rentrer. On a du mal suivre la voie ferrée, sans savoir si c’est dû à la bière, au gras accumulé ou le fait d’avoir trop dansé, et on se souvient de ce moment où, plus tôt dans la journée, nous jugions ces pauvres et innocents petits étudiants. Ok Belfort, j’embrasse mon côté Franc-Comtois pour de bon. Les chansons paillardes avec.
Photos de Eric Schneider