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Live-Report
Youth Lagoon à La Laiterie

20 novembre 2013
Rédigé par François Freundlich

Youth Lagoon - La Laiterie
13 novembre 2013



La jeunesse en quête de déviance musicale s’était retrouvée au Club Laiterie pour vibrer sur le synthétisme exacerbé de l’américain Youth Lagoon. Trevor Powers et son groupe capillairement également assez exacerbé sont prêts à s’étendre dans de longues plages psychédéliques pour faire glisser nos tympans vers l’inconnu.

Une grande partie de la petite scène du club est occupée par les synthés, MPC et autres machines pleines de boutons à tourner et écrans lumineux à zieuter. L’installation coupe la scène en deux, obstruant un peu le champ de vision du public et laissant le batteur assez loin du nôtre. Qu’importe, nous avons une vue plongeante sur le travail de Trevor, qui jongle entre ses multiples claviers sans oublier de frapper violemment de temps à autre sa MPC afin de lancer tel ou tel beat. Nous avons d’ailleurs hésité à appeler SOS détresse MPC. Entre deux acrobaties, l’homme aux bouclettes jaillissantes s’approche du micro pour disperser sa voix nasillarde assez particulière mais s’accordant pleinement avec les stridulations instrumentales bizarroïdes venues de la planète Idaho. Les couches synthétiques se multiplient, parfois dansantes, parfois plus profondes, accompagnées par quelques déflagrations de guitare électrique ou de batterie invisible.

Malgré la complexité des ces amoncellements, les morceaux se basent toujours sur quelques simples notes de claviers, parfois sur un simple piano comme sur Seventeen, extrait du premier album The Year of Hibernation. Elle est interprétée dans la délicatesse en un simple piano-voix, comme une pause éclairée au milieu de la frénésie du set. Le tempo reste assez lent, mais ce synthé détraqué parfois japonisant à la base du son de Youth Lagoon nous propulse dans une ambiance de rêveries où de jeunes oiseaux-mouches multicolores viendraient s’abreuver dans un lagon aux reflets kaléidoscopiques. La musique peut parfois vous faire halluciner alors que vous êtes complètement sobre. La jolie Daisyphobia n’échappe pas à la règle, prenant des allures dramatiques et s’achevant dans la quiétude de boucles de pianos qui plurent à ceux qui ont peur des marguerites, ou des filles prénommées Daisy. Trevor en donna même la parole à une Américaine du public qui voulait faire savoir qu’elle était américaine. La prestation s’achève sur leur excellent single Dropla avec ses résonnances rassurantes et enfantines, Trevor répétant ces « You’ll never die » à l’infini.

Youth Lagoon nous aura bien trituré la cervelle avec ses ponts atmosphériques et ses instrumentaux azimutés. Sa voix fait partie de celles qui s’incrustent en tête bien après la sortie de scène, tout comme ses chansons sachant si bien complexifier la simplicité.  


Photos de DKMO