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Live-Report
The Pains of Being Pure at Heart + Elements 4 à La Laiterie

11 mars 2018
Rédigé par François Freundlich

L’un des meilleurs groupes new-yorkais de ces dix dernières années est de retour pour une mini tournée française avec un passage par la Laiterie de Strasbourg. Il ne reste que le songwriter Kip Berman dans la composition originelle de The Pains of Being Pure at Heart, mais la force qui l’habitait lors de ce mémorable concert à La Route du Rock 2011 est bien au rendez-vous. En première partie, des locaux qui commencent à faire parler d’eux avec Elements 4.

 

Les quatre Alsaciens d’Elements 4 sont frères et sœurs et se produisent sur leurs terres après avoir joué notamment à Rock en Seine puisqu’ils ont remporté le tremplin d’une célèbre marque de pneus (rien à voir avec le groupe Pneu, donc). La fratrie propose une pop indé plutôt gentille et bien maîtrisée aux relents synthétiques et aux singles parfois suffisamment percutants pour nous interloquer. Elements 4 lorgne parfois du côté de Foals avec ce chant en anglais sur le fil, des synthés en apesanteur et une basse percutante. Le côté « animateur » un peu scolaire du chanteur peut parfois être agaçant entre les morceaux : on sent que le groupe joue pour ses fans dans l’assistance en expliquant ce qu’il va se passer plutôt que de le faire. Le coup du « tout le monde s’assoit et se lève » nous fait définitivement lâcher prise, même si le moment n’était pas désagréable.

C’est au tour de la tête d’affiche du soir de s’installer : The Pains of Being Pure at Heart et sa shoegaze-pop héroïque enchaîne ses meilleurs titres dans un amas électrique jouissif. Les extraits de leur très bon dernier album The Echo of Pleasure ne sont pas les seuls mis en valeur puisque le groupe passe d'un titre à l'autre de ses quatre disques. On retrouve ce son reconnaissable entre tous, alliant de rugueuses variations de guitares distordues à la My Bloody Valentine vers une pop 80’s désuète rappelant The Pastels. Leur dernier single en date Anymore est la première grosse claque du concert avec cette mélancolie un brin émo et ce refrain « I wanted to die with you » suivi de chœurs aériens nous donnant envie de remuer puissamment de la tête. Le genre de single rock parfait. Kip Berman nous donne l’envie de lui faire un câlin avec son regard de vilain petit canard au désespoir. Le reste du groupe est diablement efficace avec Jess Krichelle dont les synthés, les chœurs et l’attitude un brin nonchalante éblouissent le concert. On sent que le style de The Pains of Being Pure at Heart s’est parfois épuré puisque les guitares écorchées sont parfois laissées de côté pour faire place à l’électro-pop, comme sur When I Dance with You. Effectivement, tout cela est bien dansant. Mais ce sont nos premières amours qui nous ravissent le plus avec les extraits de leur premier album éponyme, dont Young Adult Friction, ce tube adolescent profond et naïf à la fois, aux chœurs féminins « Now that you feel » super entêtants. Il est enchaîné avec Everything With You, morceau géant dont on profite comme d’une mini sucrerie, avec ce solo mémorable de guitare venu d’ailleurs.

Kip reviendra seul sur le début du rappel pour interpréter un nouveau morceau plutôt poignant et empli d’émotion : Home. This Love Is Fucking Right nous ramène dans l’un des meilleurs albums de la fin des années 2000, un peu comme si l’antifolk des Moldy Peaches était joué à la fois par les Ronettes dans les 60’s et The Jesus & Mary Chain dans les 80’s. On terminera par l’ode à New York avec le titre Belong et ces trois notes cristallines de guitares noyées dans un océan électrique. On use nos dernières cervicales sur ces « We just don’t belong » jusqu’à plus soif.

Kip Berman et son groupe The Pains of Being Pure at Heart parviennent toujours à nous émouvoir avec des tubes d’une efficacité que beaucoup de pop bands pourraient lui envier, le tout noyé dans une électricité tout sauf statique. C'est un grand coup dans nos cœurs.