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Live-Report
Esben and the Witch à La Laiterie

21 février 2017
Rédigé par François Freundlich

Les ténébreux Esben and the Witch font leur grand retour en Europe avec cette seconde date de leur tournée, passant par la Laiterie de Strasbourg pour un show tendu et riche en décibels. Le trio de Brighton s’est installé à Berlin, ville dans laquelle ils se sentent comme chez eux et où a vu le jour leur quatrième album Older Terror, sorti en fin d’année.

 

Dès le début du show, on sent que les sorciers s'imposent encore plus noirs et terrifiants que lorsque nous avions eu la chance de les croiser à La Route du Rock ou au Festival Supersounds. L’influence d’Older Terror et ses quatre titres d’une dizaine de minutes chacun se fait ressentir, avec une longue introduction en forme de crescendo lancinant. Les explosions de guitares saturées sont subites, ponctuant les lentes escalades de boucles de cordes sombres et délicates. Esben and the Witch parvient sans cesse à allier une subtilité enivrante à une force écrasante lorsque le volume grossit jusqu’au paroxysme. Cette dualité repose évidemment sur la captivante chanteuse et bassiste Rachel Davies dont la voix oscille entre tourments introvertis et explosions vocales d’une maîtrise impressionnante.

C’est elle qui attire tous les regards : on sent qu'un changement s'est opéré en elle avec ces libérations vocales où Rachel n’hésite plus à s’extirper du magma sonore pour affirmer sa puissance, après de longs passages en retenue. Jadis monocorde, la voix passe cette fois par tous les états sans jamais se perdre. Esben and the Witch semble s’éloigner de l'efficacité de leurs morceaux courts pour se rapprocher d’un post-rock infini à la Mogwai. Si l’on excepte cette voix sensuelle et primitive qui en fait un groupe unique. Elle est surmontée de la guitare méticuleuse de Thomas Fisher, dont l’évolution semble ne pas connaître de limites. Le futur s’annonce tout aussi radieux puisqu’un nouveau titre, joué pour la seconde fois seulement, fut peut-être le meilleur moment du concert tant il nous a subjugués par son intensité.

 

Si nous avions connu leur côté pile il y a deux ans, le côté face d’Esben and the Witch, oubliant la pop pour se concentrer sur de longues dérivations sombres et apocalyptiques, est tout aussi sublime. On le savait bien avec eux : il faut forcément y revenir plusieurs fois.