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Live-Report
Peter Kernel + Melissa Kassab à Stimultania

23 mars 2018
Rédigé par François Freundlich

Les lecteurs les plus assidus le savent : Peter Kernel est le groupe le plus chroniqué dans nos pages. On ne s’est pourtant toujours pas lassés de ce trio suisse aux concerts toujours haletants. C’est le Stimultania de Strasbourg qui les accueille, avec en première partie leur compatriote Melissa Kassab.

 

Melissa Kassab se présente seule, munie de sa guitare acoustique, pour nous faire partager sa folk incandescente et détendue de sa douce voix mélancolique. Cette globe-trotter impose une ambiance intimiste, parsemant le concert de quelques anecdotes rigolotes, comme lorsqu’elle explique avoir placé en cachette un CD d’un de ses morceaux dans le lecteur de la voiture de son père pour qu’il l’écoute. Elle enchaîne les pépites de son premier album Dog, sorti en 2017, pendant que quelques frissons nous parcourent la peau. Sa manière de frôler sa guitare en picking impressionne, nous rappelant les meilleurs songwriters folk-blues nord-américains. Melissa Kassab nous a réchauffé le cœur, bien loin de cette fin de printemps hostile.

C’est au tour du meilleur groupe suisse du monde, pourtant davantage connu en France que chez lui, de s’approprier la petite scène de la galerie Stimultania. Le power trio impose à la pénombre son art rock incisif lorgnant parfois vers une pop dissonante. Contrairement à leur fabuleuse tournée acoustique qui passait également par cette salle l’an dernier, une majorité de morceaux de leur nouveau disque The Size Of The Night est interprétée. Nous découvrons ces morceaux dans leur version live, avec cette impression que Peter Kernel est toujours plus inventif. Le groupe enchaîne les riffs accrocheurs, mêlés cette fois à des parties synthétiques davantage présentes qu’auparavant, exécutées par la chanteuse Barbara Lehnhoff. Sa voix douce et flottante nous prend par surprise lorsqu’elle s’excite subitement dans des cris euphoriques. Elle se mélange le plus souvent avec la voix du guitariste Aris Bassetti, la mélodie devenant alors quasi enfantine malgré les assauts électriques et rythmiques. Le trio est toujours aussi sympathique, discutant en français avec leur irrésistible accent suisse italien. Aris félicite Barbara pour la nouvelle partie de synthé, totalement improvisée, ajoutera-t-elle.



Les deux donnent des nouvelles de la situation amoureuse du batteur, qui a enfin trouvé l’âme sœur depuis le dernier concert strasbourgeois, où il était célibataire. Sans oublier leur fameux « Vous avez des questions ? ». Mais la rigolade prend fin dès que la musique reprend ses droits et le tensiomètre atteint des hauteurs folles sur High Fever, sa rythmique entêtante, ses emballements de guitares et ses cris irrésistibles. Ce n’est pas pour rien que Peter Kernel est l’un de nos groupes préférés : on a besoin de notre dose annuelle et celle-ci fut encore une fois d’excellente facture.

De la magie folk et de la frénésie électrique, voilà deux concerts qui ont embelli idéalement notre soirée.