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Live-Report
65daysofstatic + sleepmakeswaves à La Laiterie

23 octobre 2013
Rédigé par François Freundlich

65daysofstatic + sleepmakeswaves
La Laiterie - Strasbourg, le 18 octobre 2013


Will you still need me, will you still feed me, when i’m sixty… five? Voilà la question que l’on est en droit de se poser en ce vendredi soir à La Laiterie de Strasbourg, alors que nous attendons les 65daysofstatic. Les Anglais sont accompagnés en ouverture par les Australiens de sleepmakeswaves, un groupe à réveiller les insomniaques.

La soirée est donc placée sous le signe du post-rock instrumental, avec tout d’abord ce quatuor venu de l’autre bout du monde qui nous pique au vif dès le premier cri et la première note tout en puissance. Nos oreilles se placent immédiatement en zone rouge : si ces dernières étaient tombantes, elles se seraient envolées puisque cette entrée en matière augmente subitement la dose de décibels. Le bassiste est roi dans ce groupe, se plaçant au centre de la scène avec ses allures de Zangief à longue barbe et sa basse bâtarde (bastard ?) à cinq cordes qu’il manie comme une guitare. Les deux guitaristes sont aussi déjantés que le leader en mouvement perpétuel. L’union de leurs guitares prend un goût de perfection lorsqu’elles flirtent avec le math rock alors que le batteur assène un rythme effréné. Malgré ces défoulements faisant vrombir les organes, sleepmakeswaves n’hésite pas à intercaler quelques passages plus sages, voire planants avec des touches de xylophone, nous rappelant ce que peuvent proposer les Islandais de For a Minor Reflection. De Sydney à Reykjavik, le post-rock n’a pas de frontière et les quatre Aussies semblent ravis d’avoir traversé la planète pour présenter leurs divagations turbulentes faisant se rencontrer le cataclysmique et l’euphorique dans de longues plages instrumentales tourmentées par des chutes subites de cocotier. Nous voilà en tout cas bien réveillés pour la suite.

Les quatre Anglais de 65daysofstatic ont semble-t-il déjà le public dans la poche à leur entrée en scène. Un mystère persiste néanmoins : pourquoi une personne crie-t-elle obligatoirement « Sheffield ! » lorsqu’un groupe de Sheffield se produit ? Voilà un folklore qui mériterait bien plus d’attention que d’autres sujets, ne trouvez-vous pas ? Il est en tout cas difficile de rester concentré sur l’excellente prestation des sixty-five car un autre mystère nous perturbe : cette châtaigne posée sur la MPC à l’avant de la scène. Sommes-nous dans un univers où à Sheffield, MPC signifie « Marron Production Châtaigne » ? Serait-ce un test pour définir la ville suffisamment chaude pour la faire griller ? Le son des 65daysofstatic est en tout cas assez dansant pour remuer tout corps à peu près constitué. La base électro-pop de leurs morceaux nous fait hocher la tête alors que les déferlements de guitares post-rock s’occupent d’embobiner le reste de chair. Les lads sont parfois rejoints par un cinquième acolyte pour élever encore plus leurs morceaux en constante évolution. Ils ne relâchent jamais un rythme hésitant entre une batterie tendue et des beats provenant d’un laptop semblant nous narguer d’un « can you do that? ». Le groupe n’hésite par contre pas à se placer à trois devant la batterie sur l’infernale Dance Dance Dance pour le passage ultrarapide du set. Mais Le meilleur moment restera cette version planante à souhait de Unmake The Wild Light, sombre et lancinante au possible avec ses envolées floydiennes. L’utilisation du piano fait beaucoup dans le son des Anglais car il ajoute une touche de majesté sur chaque titre, comme la très douce Radio Protector et son crescendo quasi classique.

Et subitement à la fin du show, le batteur se plaça à l’avant de la scène pour utiliser la fameuse MPC à châtaigne. Il laissa le fruit sur l’instrument en le manipulant, puis l'emporta avec lui à la fin du morceau devant notre bouche ouverte ébahie.

Les deux formations du soir nous ont bien nettoyé les tympans, en ayant livré d’excellentes prestations, chacune dans leur style propre. Si sleepmakeswaves sont restés dans un son brut de décoffrage ultra-punchy,  65daysofstatic ont élargi l’espace sonore pour y introduire leur électronique ou leur piano classique rendant cette musique unique en son genre. 


Photos de Eric Schneider