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Live-Report
Camilla Sparksss + De La Montagne + CHINOI - Petit Bain

30 septembre 2014
Rédigé par Florian Sallaberry

C’est la fin de l’été mais il fait encore bon flâner le long des quais de Seine. Ce soir, nous étions au Petit Bain où le beat est bon. Pour cette première soirée Labo Pop, étaient au programme, la synth-électro de CHINOI, l’électro-pop de De La Montagne et l’électro-clash de Camilla Sparksss.

Quand le trio parisien CHINOI s’installe sur scène, peu de personnes sont présentes dans la salle. Le groupe pose la base de son, de grosses nappes de synthé, un parti pris résolument électro et un gros beat soutenu par une batterie puissante sur laquelle le chanteur vient poser sa voix particulière, à la limite de la rupture. Arborant un nœud papillon, il semble habité par la musique, se contorsionnant sur les rythmes effrénés du groupe parisien. On retiendra particulièrement Elephant, morceau plus rock, avec sa basse puissante. La salle se remplit, on oscille des épaules, on entre progressivement dans l’atmosphère dansante de la soirée.

Changement d’ambiance avec le duo De La Montagne composé d’un très discret barbu à tatouage et d’une bouillonnante jeune femme. Le son de De La Montagne se compose de multiples boucles que la chanteuse effectue à l’aide de sa pédale de loop, pendant que son ami donne le rythme sur son sample-pad. Les musiques sont variées : tantôt funk, parfois électro, soudain ballade-pop, et souvent empreint de R&B des 90's (une belle citation de Janet Jackson). Ce mélange des styles détonnant est appuyé par une performance scénique remarquable : lorsqu’elle ne sautille pas sur scène, la chanteuse nous raconte sa vie : son permis, son magnifique t-shirt Tina Turner dégoté dans une friperie bruxelloise... Le groupe s’offre un slam à la suite de Girls, véritable bombe dansante qui enchante l’assistance. Puis un rappel pour jouer Make It Happen, morceau pop excellent sur lequel il est impossible de ne pas tomber définitivement amoureux de ce groupe.

Enchanté par cette feel-good performance, nous attendons avec beaucoup d’impatience l’entrée en scène de Camilla Sparksss, projet électro-dingo de Barbara Lehnhoff. Sur scène peu d’instruments : un clavier, un sampleur, une pédale. Barbara, casquette vissée sur ses longs cheveux blonds, est accompagnée d’une danseuse (Shondel) à la coupe afro. En guise d’introduction, Barbara s’échauffe la voix pendant que sa danseuse procède à quelques étirements. Puis c'est la folie furieuse : les beats deviennent lourds, les infrabasses résonnent, la voix suraigüe de la Canadienne (de Suisse ?!?) s’écrase contre les murs de la cale de la péniche. Shondel s’agite dans tous les sens, court sur place, semble convulser au sol. La Suissesse (du Canada ?!?) entre en transe, grimpe où elle peut grimper, se balade dans le public, perd son micro, chante quand même, puis s’écrase sur sa danseuse. Cette performance punk est totalement jouissive, parfois le chant ne devient que cris et râles. Barbara nous emmène dans sa transe et nous ne savons plus pourquoi nous tanguons : la houle, la bière ou la musique assourdissante ? Après un dernier morceau extrême, les deux femmes reviennent pour un rappel hallucinant où plus rien n’a de sens : le sol tremble au rythme des infrabasses et des sauts répétés du public. Barbara finira son set au fond de la salle épuisée par sa performance hors du commun.

Nous regagnons la terre ferme, encore abasourdis par ce déluge sonore, un sourire au bord des lèvres lorsque l’on repense à cette soirée : CHINOI et son électro-rock habité sans concession,  les bonnes ondes de De La Montagne et le son brut et cassant de Camilla Sparksss. Barbara Lehnhoff sera en concert avec son groupe, Peter Kernel, lors de la carte blanche à BRNS au Trabendo, dans le cadre du Winter Sleep Festival le 10 décembre. Un premier jet réussi pour les soirées Labo Pop que nous suivrons d'un œil curieux et impatient.