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Live-Report
Gaël Faye au festival Bibliothèques Idéales

13 septembre 2016
Rédigé par Fanny Bonely

Le festival Bibliothèques Idéales nous permet chaque année de prendre le temps. Prendre le temps de réfléchir et de débattre, prendre le temps de lire ensemble et de découvrir de nouveaux auteurs, et prendre le temps, surtout, d’écouter les mots, dans le très beau cadre de l’Aubette à Strasbourg.

Cette année, nous avons la joie de recevoir Gaël Faye, rappeur et parolier de talent connu pour son travail dans le cadre de la formation Milk, Coffee and Sugar qu’il a créé en 2008 avec son acolyte Edgar -Suga- Sekloka et Guillaume Poncelet (Electro Deluxe) aux arrangements. Oui, le bonhomme a du goût et sait s’entourer.

Aujourd’hui nous le retrouvons pour la parution de son premier roman, « Petit pays », aux éditions Grasset, qui nous raconte l’histoire d’un jeune pré-adolescent face à la montée de la guerre civile au Burundi au début des années 90.

Après une courte interview menée par Bénédicte Junger, nous débutons par la lecture de la préface de son roman mettant en scène son héros, Gabriel, 10 ans, face à la montée d’une violence sourde qui s’immisce peu à peu dans son quotidien. S’ensuit un premier titre, Petit pays, extrait de l’excellent Pili Pili sur un Croissant au Beurre. Pourquoi ce choix ? « Plus que le titre et le thème, c’est pour la langue » nous explique Gaël Faye, magnifiquement chantée par Samuel Kamanzi qui l’accompagne ce soir à la guitare.

Les titres s’enchaînent, les mots s’échappent et frappent. Rapides, piquants, percutants. Le garçon a une manière unique de donner du sens, de faire résonner chaque mot comme un monde à lui tout seul. Chaque titre nous raconte une histoire, ses histoires. L’enfance au Burundi, puis l’arrivée à Paris. Nous voyageons guidés par les mots, les ambiances, et la musicalité portée par la très belle complicité entre Gaël Faye et Samuel Kamanzi.

Le temps file et nous concluons sur la lecture d’un extrait du roman. Les années ont passé et les souvenirs sont déformés par le prisme de l’information. « Les images disent le réel, pas la vérité ». Nous quittons alors les lieux avec une seule envie : celle de prendre le temps d’écouter de nouveau les mots comme aujourd’hui.