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Live-Report
Moon Duo et Warm Graves - La Machine du Moulin Rouge

30 avril 2015
Rédigé par Amandine Hénon

Alors que les premières chaleurs (ainsi que les pollens et les pics de pollution qui les accompagnent) viennent réconforter la capitale, c’est à la Chaufferie du Moulin Rouge que nous avons rendez-vous en cet afterwork du vendredi soir pour une soirée plutôt excitante. Alors qu’il est à peine 19h30, une file conséquente serpente déjà sur le boulevard ; les rockeurs débraillés font face aux touristes dans une même attente, avec pour seule séparation la porte du Moulin Rouge : d’un côté, des strass et du folklore et de l’autre, des guitares et des décibels : notre choix se fait bien naturellement et se porte donc sur l’antre invisible et souterraine du lieu prestigieux. C’est aujourd’hui dans la chaufferie de la Machine, la plus petite des deux salles, que joueront les deux formations certes confidentielles, mais foutrement prometteuses.

Les trois musiciens qui montent sur scène après un DJ set de très bon goût ne sont pas là pour faire de la figuration. Warm Graves nous avaient déjà fait forte impression lors de leur passage à la Mécanique Ondulatoire en février dernier. Aujourd’hui, nous les retrouvons en première partie de soirée pour un set fascinant. Géographiquement, c’est la rencontre à Leipzig entre l’Italie, les Etats-Unis et l’Allemagne ; de ce melting pot en ressort une musique à la croisée entre The Soft Moon et WU LYF. En effet, Warm Graves empruntent à Luiz Vasquez le psychédélisme et les structures flottantes tandis qu’ils flirtent avec WU LYF dans l’ambiance torturée et tout en écho. Cette pièce en un acte unique nous mène dans les tréfonds hypnotiques des trois compositeurs, là où la batterie martiale côtoie un chant lointain et parcimonieux. Il nous est difficile de comprendre pourquoi et comment Warm Graves ont pu passer entre les mailles du filet et une seule envie nous taraude pendant tout ce concert : enfin écouter au casque cette épopée excitante.

Deuxième prestation ce soir, et pas des moindres, avec le duo (devenu trio pour les lives) Moon Duo. Dès lors, tout ne sera que déflagrations, saturations et répétitions. Du synthétiseur à la guitare, nous sommes happés dans une spirale psychédélique. La même boucle semble être répétée sans cesse, restructurée, réarrangée. Ripley Johnson, guitariste évadé de Wooden Shjips,  à la barbe bien fournie, assure le côté solaire du duo alors que sa compagne, au synthétiseur, bien ancrée au sol, jambes écartées, s’occupe de la face lunaire du groupe. Rapidement, on perd la notion de temps et d’espace, on ne sait plus très bien où commencent et où finissent les morceaux et comme pour la prestation de Warm Graves, nous sommes conquis par ces rejetons d’Alan Vega.

 

La Chaufferie du Moulin Rouge aura en ce vendredi été l’antre du renouveau psychédélique, avec deux approches différentes, mais tout aussi convaincantes.

 

Photos Alan Kerloc’h