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Live-Report
The Wooden Wolf au Molodoï

17 novembre 2013
Rédigé par François Freundlich

The Wooden Wolf au Molodoï de Strasbourg
14 novembre 2013



Au beau milieu d’une tournée européenne, The Wooden Wolf fait un détour par sa tanière alsacienne avec ce concert dans la salle du Molodoï de Strasbourg. Le folkman à la casquette Love nous propose les adaptations du délicat 14 ballads op.1, chroniqué dans ces pages, ainsi que quelques nouveautés du prochain album.

Pour s’échauffer la voix, Alex Keiling débute seul assis avec sa guitare acoustique, sur laquelle il se recroqueville comme pour mieux l’enlacer. La voix est fragile et pénétrante, elle vous saisit dès les premières notes et ne va qu’aller crescendo dans l’intensité au fur et à mesure du concert. Le public se rapproche pour une version dépouillée de A Little Bit of Crying qui nous plonge dans cette mélancolie éclatante, toujours à la limite de la rupture. Le songwriter est finalement rejoint par deux acolytes : la violoncelliste Marie Langenfeld et Hector J. Ayala, guitariste électrique mexicain. Ce trio magique va nous tenir en haleine avec des interprétations d’une stupéfiante beauté de ces titres folk lumineux. The Wooden Wolf nous réserve quelques surprises, en faisant par exemple circuler un instrument de percussions au son étrange parmi le public : son cillement nous proviendra de manière différente selon sa position dans la salle. Hector l’accompagne d’un bruit d’orage obtenu grâce à une grande feuille en plastique cartonné sur Horses in the Storm et son cri transperçant au beau milieu du morceau.

Le violoncelle tantôt subtil, grinçant ou détaché se fait planant et divague vers son propre cosmos sur We Can’t Find the Light, se déchaînant vers des assauts plus abrupts et excités. Le trio s’aventurera parfois vers des tempos plus élevés sur des moments de folie où plus rien ne les retient. L’instant de grâce restera ce duo vocal entre Alex et Marie sur cet ancien titre bluesy Louise. Les deux voix se chevauchent et s’entremêlent à la perfection dans une tendresse qui nous laisse la gorge serrée. Les cordes relèvent parfaitement des compositions parfois sombres mais tellement captivantes, avec cette voix vulnérable qui se fait parfois grésillante, mais qui touche toujours le point sensible. Et que dire de ce titre chanté dans une langue espagnole à l’accent impeccable ? Les mots prennent encore plus de sens alors qu’on ne les comprend même plus. Ces nouveaux morceaux prédisent un deuxième album s’annonçant comme une réussite, on a en tout cas hâte de les réentendre. Le concert s’achève alors que le chanteur de Adam & The Madams, dont c’était la release party de l’album ce soir, les rejoint pour accompagner le groupe de sa basse brillante. Nobody’s Blue revêt alors des habits plus glacés que sur le disque.

Malgré une salle bruyante qui ne collait pas à l’ambiance intimiste de ce concert, The Wooden Wolf nous a charmés de bout en bout avec ses compositions dont on se demande toujours d’où elles peuvent bien provenir. Voilà un groupe à suivre plus que jamais de très près. 


Photos de Patrice Hercay