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Live-Report
The Legendary Tigerman - Le Petit Bain

05 juin 2015
Rédigé par Amandine Hénon

C’est parmi un public bien plus hétéroclite que d’habitude que nous rejoignons les quais devant Le Petit Bain pour assister ce soir à une grande leçon de blues conduite par le ténébreux Paulo Furtado, aka The Legendary Tigerman.

La première partie tiendra elle plus d’un moment de cabaret que d’un concert à proprement parler. Cleo T., trio français un brin anachronique, est tenu brillamment (au sens propre comme au sens figuré, d’ailleurs) par sa jolie chanteuse pulpeuse vêtue d’une petite robe à sequins. Accompagnée d’un bassiste/violoncelliste et d’un trompettiste/chanteur/danseur/joueur de tambourin (un véritable homme-orchestre à lui tout seul), la demoiselle fait le show. Cleo T. ont décidé de ne pas se focaliser sur un seul style et flirtent donc avec les sonorités kitsch 80’s, l’électro dansante mais aussi le jazz ou encore la pop. Le résultat n’est pas toujours des plus probants mais leur bonheur d’être sur scène nous le fait vite oublier et leurs danses fofolles nous mettent le sourire.

Changement d’ambiance complet pour la suite avec l’arrivée de notre homme tigre venu du Portugal. Avant même que le concert ne démarre, Paulo Furtado impose déjà par son charisme : ses cheveux gominés plaqués vers l’arrière, ses lunettes de soleil pilote, son costume noir et sa guitare en bandoulière lui confèrent un côté mystérieux qui ajoute à notre impatience de le voir à l’œuvre.
Depuis son plus jeune âge, The Legendary Tigerman est tombé dans la musique et plus particulièrement dans le blues et les sonorités félines et brutes de Suicide et des Cramps. Seule sa guitare électrique l’accompagne sur scène en ce début de concert mais très rapidement, M. Sega, batteur surréaliste tout droit arrivé du Mexique, vient battre la mesure avec Paulo. Le blues caverneux est réduit à sa portion congrue et tandis que le tempo est assuré par une batterie surpuissante faisant vibrer l’ensemble du Petit Bain, la guitare donne quant à elle toute la profondeur aux compositions. Avec une classe imparable et inébranlable, The Legendary Tigerman tient en haleine toute une audience avec la seule force d’une batterie, une guitare et une voix scandant les textes écorchés du Portugais. L’écran diffuse en continu les clips réalisés par Tigerman himself (cet homme a décidément de multiples talents) et nous étouffe dans le climat moite et envoûtant du one man band.
Il assure les duos issus de son album Femina (album de duos avec différentes artistes telles qu’Asia Argento) virtuellement mais appellera finalement la chanteuse de Cleo T. pour une reprise du These boots are made for walking de Nancy Sinatra.

Il apparaît probablement difficile de croire qu’un seul homme puisse captiver pendant près de deux heures une salle comble et pourtant, ce soir, Le Petit Bain était pendu aux lèvres du bluesman inépuisable. The Legendary Tigerman figurera probablement au palmarès des shows les plus intenses de cette année 2015 avec un concert brûlant, haletant et, surtout, extrêmement jouissif.