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Live-Report
Porcelain Raft à l'Espace B

06 novembre 2013
Rédigé par Amandine Hénon

Porcelain Raft
25 octobre 2013 - Espace B, Paris

Contemplative, éthérée et sujette à la rêverie, tels pouvaient être les qualificatifs les plus appropriés pour cette soirée alléchante proposée en ce vendredi soir par l’Espace B. Pour la première fois, Porcelain Raft sera en tête d’affiche dans la capitale et ce pourra être l’occasion de profiter de la version live étoffée que nous propose désormais Mauro Remiddi.

Tout commence alors que les âmes déambulent encore et peuplent autant le bar que le devant de la scène. Une jeune femme filiforme à la longue chevelure brune prend place derrière  son clavier et ses machines alors que son compagnon trône au centre de l’estrade, guitare sous le bras et laptop à la main. Port Louis se veulent appartenir à la classe des artistes évanescents nous amenant à l’évasion par la simple multiplication et superposition de boucles. Ici, le problème majeur réside dans l’absence de substance et de charisme, le tout ponctué de bandes enregistrées qui nous appellent à nous demander où commence le live et où se termine le programmé. Le guitariste perd peu à peu sa place au profit d’une chanteuse bien trop centrale ; en effet, la voix envahit l’espace pour finir par mettre la musique au second plan et nous laisser sur une impression désagréable qui aurait probablement pu être atténuée par une instrumentation live, notamment sur le travail des percussions.
Il faudra ensuite faire preuve de patience et de persévérance ; tandis que l’arrière-salle se remplit chaque minute un peu plus et que l’air devient de plus en plus chargé en humidité et en chaleur, les réglages n’en finissent pas et l’heure tourne, les verres se vident et les joyeux lurons près du bar se font de plus en plus bruyants tandis que leur taux d’alcool est inversement proportionnel au niveau de leurs consommations. Vient enfin le moment tant attendu où l’Italien fait miauler sa guitare. Notre estomac n’aura alors de cesse de se tordre et notre œil de se mouiller sous les complaintes suraiguës. Grande nouveauté : en plus d’un batteur, Porcelain Raft est ce soir accompagné d’un guitariste, ce qui permettra d’étoffer le son de ses compositions et de les réinterpréter (voire même de les réinventer). La configuration du live est alors inédite et prend un caractère résolument plus dense. Le groupe conquiert chaque parcelle sonore à disposition, alterne morceaux atmosphériques et compositions pêchues. Certains moments s’avèrent surprenants, comme la version étonnante de Drifting in and out, issue du premier album, Strange Weekend. Si Permanent Signal, dernière sortie en date, est à l’honneur ce soir, Porcelain Raft n’en oublie pas moins de faire quelques retours audacieux sur des compositions issues des débuts. Un regard circulaire nous fait constater que l’Espace B grouille de monde : des personnes sont montées sur les fûts vides près du bar, d’autres se massent derrière le stand de merchandising. Il semble que personne ne voulait passer à côté de la première tête d’affiche de Mauro Remiddi.

Porcelain Raft aura ce soir réussi à la fois à faire tanguer les amplis dangereusement tout en dégageant ces émotions et cette sensibilité qu’on lui connaît. La venue d’un guitariste et d’un batteur a remodelé le schéma, l’a étoffé, pour permettre au groupe d’éclater sans retenue. Un ultime rappel acoustique et nous serons totalement conquis.

Photos Alan Kerloc'h