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Live-Report
Warm Graves - La Mécanique Ondulatoire

19 février 2015
Rédigé par Florian Sallaberry

Lorsque l'on pense à la Mécanique Ondulatoire, on ne peut s'empêcher de penser au premier concert parisien de Wu Lyf qui avait eu lieu dans la cave de ce bar branché du 11ème arrondissement. Et puis on se prend à regretter les concerts sauvages et moites des Mancuniens, et nos We Bros coincés dans la gorge. Lorsque l'on a écouté pour la première fois Warm Graves, on a pensé très fort à ces mêmes Mancuniens. C'est dans cet esprit très particulier que nous nous retrouvons dans la très fraîche cave de la Mécanique Ondulatoire.

La première partie du concert est assurée par You Said Strange, cinq jeunes venus de Haute-Normandie. Lors des préparatifs, le groupe semble à l'arrache : certains n'ont pas prévu leur setlist, d'autres accordent leurs guitares au dernier moment. Un peu inquiets à l'idée de ce qui va nous attendre , nous sommes agréablement surpris dès le premier morceau. Le son rock extrêmement psyché, poussé par des guitares distordues et des chants en écho, des Naut-Normands donne une impression de maturité et de maîtrise. Le revers de la médaille, c'est que souvent, les compositions très audacieuses du groupe manquent de fougue et de folie. Mais l'on passe un bon moment, une douce nostalgie des années 70. Sur la toute petite scène, il y a peu de place pour s'exprimer, surtout quand un sixième larron, "un pote" du chanteur, vient ajouter sa voix timide et nasillarde, nous rappelant Lou Reed. Nous ne manquerons pas de suivre l'avenir de ces jeunes, dont le premier EP sort tout bientôt.
Les Warm Graves ne sont que trois sur scène : le batteur joue dans la quasi obscurité, l'organiste est très discret et le chanteur-guitariste semble replié sur lui même.L'album Ships Will Come des Allemands est un de nos coups de cœur oubliés de l'année 2014. Si l'omniprésence de l'orgue dans les compositions du groupe et les chœurs caractéristiques nous font penser aux Anglais cités dans l'introduction, c'est une ambiance très différente que nous ressentons en live. Le son du groupe est new-wave avec la présence très prononcée de la guitare et un chant plus torturé et moins aérien, qui parfois fait penser à Ian Curtis. Restent ces rythmes euphorisants, ces refrains marqués par les cymbales qui rappellent Wu Lyf ou même Arcade Fire. Mais la démarche est différente : Si l'on a envie de hurler, d'extérioriser avec les Québécois, on est ici en proie à une explosion intérieure. Et l'on se prend à courber la nuque, fermer les yeux. Et partir loin. Ravachol, morceau dédié à l'anarchiste français, nous marquera plus que d'autres, avec son battement de cœur, en constante accélération, et son orgue magistral. Un set impeccable qui aurait mérité une audience plus large.

Dans la cave froide et humide de la Mécanique Ondulatoire, deux sets très prometteurs, entre le rock psyché nostalgique de You Said Strange et le son dark et prenant de Warm Graves. Si les premiers auront à gagner en folie et en prestance live, les seconds sont à déguster sans modération sur leur album Ships Will Come.