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Live-Report
Murkage + Sole - Petit Bain

31 octobre 2014
Rédigé par Florian Sallaberry

Le Petit Bain nous offre cette année l'une des programmations les plus intéressantes de Paris. Entre post-rock, noise ou électro, les programmateurs nous offrent une soirée hip-hop avec le rappeur alternatif américain Sole et le groupe britannique Murkage.

Sole exerce depuis le début des années 2000 où il avait fait ses armes sur l'excellent label Anticon dont il était l'un des membres fondateurs. Puis, depuis 2010, il autoproduit ses nombreux albums sur son label Black Canyon. Le rappeur basé à Denver vient défendre sur la scène du Petit Bain sa dernière galette Death Drive, réalisée avec DJ Pain 1, présent ce soir pour tenir la platine. Le son de Sole a beaucoup évolué depuis Bottle of Humans : finis les samples planants des débuts, Sole vient défendre un album hip-hop en phase avec son époque, dont les productions rappellent celles des poids lourds du rap américain, très dansantes et empreintes d'électro. Le contraste est saisissant avec le look bûcheron du chanteur. Le propos est contestataire, radical : anti-système, anti-capitaliste, anti-guerre, Sole nous pose devant nos contradictions : il demande au public qui possède un compte Gmail pour leur faire scander juste après « Fuck Google ».

« 3 MC's and 1 DJ » scandaient les Beastie Boys. Ajoutez-y un batteur surdoué et survolté, vous obtiendrez Murkage, collectif hip-hop mancunien qui a sorti cette année son premier LP Of Mystics and Mystics (où collaborent notamment Nekfeu et Orelsan). Après un warm-up assuré par Klepto à base de son américain (Rick Ross, Danny Brown …), les trois MCs débarquent en scandant « Murkage ! Murkage ! Murkage ! ». Les beats électro, qui lorgnent du côté du dubstep nous font penser au travail de Foreign Beggars. Le groupe joue sur des empreintes vocales différentes : Murkage Dave (barbe, bonnet et lunettes noires) a une voix caverneuse et rocailleuse, semblant venir de l'autre côté de l'Atlantique, Gaika (le plus bling bling) a un flow rapide qui aurait sa place dans les sound-systems jamaïcains quand Two One (au style ghetto) nous rappelle l'origine du groupe avec son accent britannique. Au milieu de ces égos charismatiques, le batteur a su trouver sa place en livrant un jeu de batterie dément, s'offrant même un solo. Les Mancuniens font participer le public sur Officer Parker (« Woha ! Woha ! Yeah ! Yeah ! ») ou sur Can I Live. Ils descendent dans la fosse danser et pogoter avec les premiers rangs, sont super heureux d'avoir trouver leur « first ever French fan ». Leur bonne humeur est totalement partagée par l'assistance auquel Dave hurle « We Love You » à la fin du concert.

Le rap pêchu et contestataire de Sole et le hip-hop aux frontières du dubstep de Murkage ont fait trembler les murs de la cale du Petit Bain. Une fois de plus, nous regagnons le Quai François Mauriac enchantés.