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Live-Report
Les Eurockéennes de Belfort 2017 - Jour 1 (jeudi)

16 juillet 2017
Rédigé par Fanny Bonely

La Franche-Comté, sa grosse saucisse, sa cancoillotte et son festival. Oui, cette semaine nous étions en territoire de Belfort afin de manger (gras), boire (beaucoup), écouter du son (fort) et danser (sans limites).

Quelle idée, me direz-vous. C’est sans compter sur le magnifique site du lac du Malsaucy, la programmation aux petits oignons concoctée par l’équipe des Eurockéennes, et, il faut bien le dire, l’espoir secret de copuler avec Iggy Pop (chacun ses fantasmes).

Cette année, le festival se déroule sur 4 jours - soit un jour de plus à tenir éveillé de 17h00 à 3h00, à passer de Gojira à Booba ni vu ni connu j’t’embrouille, à évaluer en permanence le quotient vessie pleine/concert immanquable, à surfer sur la boue tel un Laird Hamilton du pauvre, et à faire péter ton record Runkeeper avec des aller-retour de la Grande Scène à la Loggia. Certains ont échoué, nous l’avons fait. WE ARE THE WORLD, WE ARE THE CHILDREN.


 

Jeudi - la grande échappée

Jeudi nous voilà donc sur la route toute la sainte journée, sans toutefois voir le doute en nous s’immiscer (pardon). Arrivés sur le site nous nous jettons tels des animaux sur les canettes de Coca-Cola distribuées à l’entrée (c’était frais et ça avait le goût du gratuit) avant d’aller voir les petits-mignons de The Lemon Twigs. Alors pour te remettre dans le contexte, The Lemon Twigs c’est un peu comme si les Beatles avaient bouffé Ashton Kutcher dans That ‘70s Show, la tapisserie jaune-pisse avec. Et si il te faut un argument supplémentaire, Michael D’Addario porte un mulet. Un mulet. En 2017. Fichtre, c’est beau le revival vintage.

Les deux frères nous proposent un set frais comme la rosée du matin (pas de refus avec cette chaleur caniculaire et la canette de coca gratuit terminée). On les aime bien. Ce doit être notre désir secret de reporter des pattes d'éléphant qui parle (toi aussi tu rêves de glisser ton boule dans ce petit velour marronnasse, avoue-le).

Comme on a le goût de l’interdit on se dirige ensuite vers la grande scène pour voir les très attendus PNL. Là aussi, le mulet fait sensation. La mèche grasse aussi. Les deux frères sont accueillis à bras le corps (et l’acné) par un public séduit. Ils enchaînent les titres, à grand renfort d’effets visuels, et tels Céline à Vegas, nous saluent du haut de leur plateforme-écran. C’est beau putain. Nos coeurs font des arc-en-ciel. En jaune ou en vert nique sa mère.

Canicule oblige, nous nous dirigeons ensuite vers la scène de la Plage pour voir Kevin Morby, dit “Kévinou”. Kévinou donc, c’est le petit grassouillet du fond de la classe que tu n’as pas vu venir et qui t’attrape le coeur avec sa guitare. Kévinou est drôlement classe sur son coucher de soleil de la plage de Malsaucy. Kévinou a souri. Kévinou nous a conquis.


 

Le temps de chopper un hot-dog saucisse de Montbéliard-moutarde, et nous voilà prêts à perdre notre gras avec Soulwax. Oui, car les Belges ont un talent sans pareil pour nous faire remuer du booty, ils nous attrapent avec leurs rythmes fous, nous gardent au chaud avec leur disco-pop. C’est bien, c’est beau. On veut rester là à danser l’amour de Montbéliard pour toujours, mais scandale, le set ne dure qu’une petite heure. On se dirige donc vers la grande scène voir le maître du téton à l’air, j’ai nommé Iggy Pop. Beaucoup de monde, des grosses guitares, un Iggy tout fou qui saute de partout. Ça sent la sueur et l’amour et c’est très bien comme ça. On passe vite-fait faire un coucou à Petit Biscuit, mais pas vraiment convaincus, nous préférons nous diriger vers la Loggia pour voir Mick Jenckins.


 

Mick Jenckins fait partie du team ti-gen. Avec sa batterie douce et enveloppante, il nous emporte dès le premier morceau. Et il veut notre bien, Mick. Entre chaque titre il scande “Drink more”, la foule lui répondant “WATER !”. Le hip-hop détox j’te dis. On se dirige ensuite vers la Green Room pour voir la fille à la garde-robe minimaliste Jain. La Toulousaine est connue pour ses performances interactives qu’elle a déjà étrenné sur bon nombre de festivals l’an passé. Elle revient aujourd’hui à Belfort avec de nouveaux titres et un public plutôt dissipé. “S’il vous plaît, chantez avec moi Belfort...”. On a presque envie de lui donner un cookie. Fort heureusement, ses machines à danser font le taff et Belfort rentre dans le rang, chante, danse, porte Jain jusqu’à la régie dans sa bulle de plastique, jusqu’à un final sur l’attachiante Makeba qui finit de ravir un public sous le charme. On termine par le set de Nina Kraviz, minimal animale, et on repart pour la grande traversée des rails avant la journée de vendredi.


 

Encore 3 jours. C’est comme si cette soirée s’était déroulée sans l’être vraiment. Comme si cette soirée c’était cadeau. Comme si cette soirée c’était un coca gratuit. Merci Belfort.


Photos : Eric Schneider