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Live-Report
The Yawns + Los Porcos à l'Espace B

03 octobre 2013
Rédigé par Amandine Hénon

The Yawns + Los Porcos
30 septembre 2013 - Espace B, Paris

Vingt heures à la terrasse de la rue Barbanègre : quelques personnes en discussions animées autour d’un verre et parmi elles, un groupe d’anglophones, dans le quasi-anonymat, sont en pleins préparatifs. Du Bataclan à l’Espace B, il n’y a qu’un pas et les ex-membres de WU LYF l’ont bien compris. Sous les feux de la rampe en 2011 avec un album très remarqué, trois des quatre comparses reviennent aujourd’hui pour un concept totalement nouveau baptisé Los Porcos.

Pour accompagner nos suidés, la soirée s’ouvrait en ce début de semaine avec The Yawns ; l’Ecosse semble un vivier inépuisable pour les formations pop : de Belle and Sebastian à The Pastels, ce sont aujourd’hui des petits jeunes de la nouvelle génération qui nous proposent de partager leur univers foutraque et barjot. Visiblement mal à l’aise sur scène, le chanteur entame de son air désinvolte, regard vissé vers le sol et mains sur les hanches, en tentant péniblement de se faire comprendre dans un français plus qu’approximatif, un premier titre qui nous amène d’emblée lorgner du côté de la scène pop écossaise, The Vaselines en tête de liste. D’une voix fluette et nasillarde rappelant le jumeau Pace (Blonde Redhead), il est souvent noyé sous les flots de guitare et de basse, volontairement mis au même rang que les autres instruments. Le rendu est certes brouillon mais diablement efficace. Les mélodies de The Yawns sont tout à la fois jolies comme une composition de Belle and Sebastian mais aussi déjantées qu’un Ty Segall ou un Dirty Beaches dont ils ont déjà assuré les premières parties.
La salle s’est considérablement remplie lorsque Los Porcos, aux alentours de vingt-deux heures, envahissent la scène. Les six membres du groupe investissent rapidement les lieux, en décorant notamment instruments et pieds de micros avec de magnifiques pivoines artificielles. Pour trois d’entre eux, il s’agit ce soir de faire table rase du passé, même si, ne soyons pas dupes, beaucoup de personnes présentes dans l’assemblée sont venues pour découvrir les ex-WU LYF, curieux d’assister à cette reconversion totale. Pour se défaire de cette étiquette, Francis Lung et les autres ont fait le choix radical de se tourner vers un style musical radicalement différent : entre kitsch et funk, dance et pop, il est difficile de décrire ce que nous aurons l’occasion d’entendre ; un grand n’importe quoi porté par la bonne humeur et le second degré. Si les Happy Mondays ont leur Bez, Los Porcos ont eux aussi leur danseur attitré, derrière les claviers. Si, à de nombreuses reprises, nous perdons totalement le fil, déroutés par les faussetés des chanteurs et les choix musicaux discutables, nous ne pouvons ignorer un fait : nous repartirons en chantonnant pendant plus d’une heure leur Do You Wanna Live, sorte d’hymne dance poppy ultra catchy.

Loin du Kerou’s Lament proposé cet été par Ellery Roberts (leader et chanteur de WU LYF), gardant l’empreinte habitée et envoûtante du groupe défunt, Los Porcos ont eux pris la route d’une musique plus légère, moins profonde. Judicieux ? Le concert de ce soir a eu l’air de leur donner raison mais passé l’effet de curiosité suscité par leur précédente formation, reste à savoir s’ils garderont le cap.

 

Photos de Alan Kerloc'h