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Live-Report
Eivør + AyOwa à la Salle du Cercle

28 octobre 2018
Rédigé par François Freundlich

La Salle du Cercle de Bischheim accueillait un duo de groupes venus du froid, avec la chanteuse des Îles Féroé Eivør Pálsdóttir, accompagnée en première partie par les Danois de AyOwa. Révélée aux Icelandic Music Awards comme meilleure chanteuse, sa voix hypnotique nous a convaincus d’assister à la seule date française de sa tournée européenne.

 

Le duo danois AyOwa entre en scène pour disperser ses froides ambiances synthétiques, portées par le chant en danois de la chanteuse Hannah Schneider. Leur pop atmosphérique et brumeuse s’impose dans une ambiance lente et mystérieuse, entre beats minimalistes et nappes electronica lumineuses. Nicolai Komerup officie derrière ses machines mais s’en extirpe sur certains titres pour accompagner la douce voix de Hannah d’un accordéon, ajoutant une chaleur vive à la glace cristalline s’échappant des compositions. Le duo de Copenhague nous a fait entrer dans l’hiver avant l’heure avec sa synth-pop enveloppante et méticuleuse.

La star du soir entre sous les cris d’un public de connaisseurs : Eivør s’installe au centre d’un trio formé d’un batteur et d’un bassiste. Son chant angélique en féroïen, islandais ou plus récemment en anglais nous immerge immédiatement dans les plaines venteuses nordiques dont elle est originaire. Sa musique grandement inspirée du village près de l’océan auprès duquel elle a grandi se décrit difficilement, entre des chants traditionnels nordiques mêlés à des divagations post-rock et des ballades folk acoustiques, se rapprochant de la pop actuelle. Sa voix couvre plusieurs octaves, si bien qu’on a parfois l’impression de se retrouver à Fhloston Paradise devant le concert de la diva du Cinquième élément. Eivør utilise également un instrument de percussion, sorte de tambour en peau qu’elle peut amplifier pour en tirer des sons très particuliers.



Elle frappe violemment sur son instrument en remuant sa chevelure blonde de haut en bas pour nous scotcher à notre siège. Voilà un concert singulier avec lequel il est difficile de faire des comparaisons. La prestation va crescendo, Eivør se permettant des incursions dans le métal lorsque la basse et la batterie deviennent plus lourdes, rejoignant la guitare électrique de la chanteuse. Les brèves tentatives pour faire lever la salle de son siège n’auront pas duré longtemps face à un public très hétéroclite et majoritairement peu habitué aux concerts de rock. La standing ovation aura néanmoins bien lieu. La magie a opéré et Eivør nous a fait voyager dans son petit archipel grâce à sa musique possédant cette intemporalité et cette magie toute particulière.

 

Ces deux concerts au croisement entre musique du monde nordique et pop actuelle furent assez captivants pour transposer cette salle de la banlieue de Strasbourg jusque dans la banlieue de Torshavn.

 

Photos de Eric Schneider