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Live-Report
Parquet Courts + PILL - La Laiterie

03 novembre 2016
Rédigé par François Freundlich

Un duo de groupes new-yorkais foule la petite scène de La Laiterie pour notre grand retour dans cette salle. Les très attendus Parquet Courts s’apprêtent à nous enflammer avec leur garage punk des plus efficaces, juste après une première partie menée de main de maître par les plus expérimentaux PILL.

Le quatuor de Brooklyn donne le ton dès le premier titre avec un rock dissonant torturé par un saxophone plaintif semblant s’échapper dans de multiples directions. La voix criarde de la chanteuse Veronica Torres, qui attire tous les regards, passe du sensuel à la Siouxsie Sioux vers des énervements rappelant Kim Deal. Sa basse n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle des Breeders avec ses lignes structurées et dansantes. Elles sont surplombées par des assauts de guitare surf furieuse et une batterie punk tonitruante. PILL semble imprimer son ombre là où on ne l’attend pas et on peut dire que l’on ne s’est pas ennuyés une seule seconde pendant ce concert d’une puissance folle. Si la voix semble se décrocher d’une guitare désaccordée et d’un saxophone discordant, l’osmose qui en ressort nous prend par les tripes et semble venue d’une autre dimension, un peu comme si on avait gobé la pilule par les oreilles. Voilà un groupe qui trouve tout son sens sur scène avec cette prestation live hors du commun.

C’est tendus à l’extrême que les (autres) New-Yorkais du soir, Parquet Courts, dispersent leurs accords punk ultra-rapides portés par la voix offensive tout aussi rapide d’Andrew Savage, aux allures de NERD avec sa chemise rayée et son pantalon droit. Il rugit pourtant toute sa rage dans son micro sur les passages les plus excités comme sur Paraphrased. L’ambiance est légèrement plus calme lorsqu’Austin Brown prend le lead vocal sur des titres qui semblent s’écouler avec des parties bluesy et relâchées. On peut dire que le quatuor se sent bien puisqu’il prolonge ses morceaux dans des variations instrumentales décapantes, enchaînant un marathon de plus de vingt morceaux hyper concentrés, sans presque aucun temps mort. Ils auront tout de même pu lâcher un fuck Trump et autre fuck Le Pen sous les applaudissements du public, Brown expliquant même que son père n’était plus républicain, ce qui représentait une bonne nouvelle dans son désarroi. Le message étant passé, les tubes Borrowed Time ou Yr No Stoner peuvent s’enchaîner face à un public de connaisseurs criant parfois les lyrics à la perfection. La coolitude absolue s’échappant de Parquet Courts est communicative tout autant que leur musique est addictive. Le concert s’achève dans un jam assourdissant de plusieurs minutes en guise de bouquet final, les Parquet Courts lâchent leurs instruments et ne reviendront plus malgré l’insistance de la foule. Tout aura été donné comme en un seul morceau ce soir, comme un courant alternatif qui s’est lâché aussi vite qu’il s’est arrêté. Nos oreilles en ont rayé le parquet.

On a beaucoup pensé aux Pixies pendant cette soirée en compagnie de PILL et Parquet Courts, dans le très bon sens du terme évidemment. Les deux groupes nous ont en tout cas rappelés au bon souvenir du punk tord-boyautant et percutant à souhait.