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Live-Report
Public Service Broadcasting + We Were Evergreen - Petit Bain

07 juillet 2015
Rédigé par Florian Sallaberry

27 mai 2015, 23h, Petit Bain. La péniche tremble, tremble, tremble. Nous pensons avoir décollé, ou peut-être sommes-nous déjà en orbite autour de la lune aux côté des Anglais Public Service Broadcasting. Avant de décoller, nous avions dégusté les sucreries pop des parisiens We Were Evergreen.

Michael, Fabienne et William ont formé We Were Evergreen en 2008 et sorti leur premier album Towards en 2014 alors que Fabienne assurait les chœurs féminin sur l’album It’s A Pleasure de Baxter Dury. Leur musique est formée de boîte à rythmes sur lesquels viennent se greffer guitare, claviers, ukulele, xylophone, chants et batterie. Parfois, nous pensons à Vampire Weekend  quand les rythmes se font tropicaux, en particulier sur Best Thing ou Tambourine Like A Crown. Nous retrouvons également la même envie de faire de la musique joyeuse, positive comme le font Belle And Sebastian ou Noah And The Whale, atmosphère renforcée par une attitude souriante sur scène. Jonglant entre les instruments et les utilisations de boucles, les membres du groupe donnent une impression de maîtrise totale de leur son et de confiance absolue en l’autre. De nombreux regards traduisent la forte complicité du groupe. Leur set, bien trop court, tout en douceur pop s’achève par un trio de percussions ultra rythmées ayant définitivement conquis le public qui en demande encore.

Nous vous avions parlé du dernier EP  cosmique de Public Service Broadcasting en février, album consacré à la course aux étoiles entre USA et URSS pendant la Guerre Froide. Le groupe est formé par J. Willgoose aux guitares, banjos et samplers et Wrigglesworth aux percussions et est accompagné pour cette tournée d’un bassiste-clavieriste-trompettiste. La particularité de PSB est d’utiliser des discours, publicités, archives historiques. Le concert débute par Sputnik, aux sonorités électro-house à la progression très symbolique : on se sent décoller et bientôt en apesanteur. Mais, dès le deuxième morceau, PBS nous ramène au plancher des vaches avec Signal 30, nous rappelant à quel point les Anglais savent faire du rock. PBS brouille les pistes en mélangeant les styles : solo de banjo country sur ROYGBIV, sonorités funk sur Gagarin, indie rock sur Go! ou même à la limite du shoegaze lorsque la guitare de Willgoose est saturée à l’extrême. On pense à Kraftwerk, puis à Franz Ferdinand, puis à M83 … Et puis l’on se dit que le son de PSB est unique et atypique. Les trois Anglais se veulent raffinés, lunettes rondes, cravates et nœuds papillons. L’attitude réservée et relativement stoïque de Willgoose semble être une caricature du dandisme à l’anglaise, caractérisé par un humour savoureux, lorsqu’il joue les premières notes du solo de banjo de Délivrance par exemple ou lors des intermèdes : les remerciements sont préenregistrés et joués sous forme de samples. De nombreuses images d’archives sont projetées à l’arrière du groupe. Nous retiendrons particulièrement les images illustrant le dernier album, images de la Nasa, ou de l’équivalent soviétique. Et parfois nous oublions le concert, et nous retrouvons en apesanteur ou sur la Lune à admirer un coucher de Terre. Le concert s’achève par Everest, morceau exaltant relatant l’ascension du toit du monde. Par sa musique exaltante et les thèmes choisis, PSB nous pousse à l’exploration du monde, au dépassement de soi, aller plus loin, plus haut, là où personne n’était allé.

Cette soirée exaltante, entre la pop sucrée et enthousiasmante de We Were Evergreen et les envolées cosmiques de Public Service Broadcasting, nous aura permis de nous échapper de la réalité gambadant dans des paysages bucoliques ou allongés dans une mer lunaire.