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Live-Report
Baxter Dury + Halo Maud à la Laiterie

04 mars 2018
Rédigé par François Freundlich

Il est de retour ! Baxter Dury, alias Baxy pour les intimes, vient nous refaire du charme avec une tournée française toujours généreuse. Il faut dire que le public hexagonal le lui rend bien, on peut s’en apercevoir avec cette date à La Laiterie de Strasbourg. La première partie est assurée par la Parisienne Halo Maud, qu’on avait eu l’occasion d’apercevoir à La Route du Rock ou encore au sein des groupes Moodoïd, Marietta ou Melody’s Echo Chamber.

 

Les échos synthétiques sous le signe du M sont bien là, prolongeant dans le lointain la voix précieuse et glacée de Maud Nadal. Le chant vaporeux en français ou en anglais laisse les instrumentaux de claviers ou de guitares s’exprimer sur de longues plages dream pop en crescendo. On pense parfois à Blonde Redhead dans les superpositions de nappes de claviers sur cette voix juvénile et précise n’hésitant pas à s'évader dans des chœurs lancinants, comme sur le titre Des Bras. La mélancolie qui ressort des compositions finement orchestrées de Halo Maud nous prend par les sentiments. Halo Maud impose une atmosphère particulière dès la première note de chaque morceau et il est impossible de s’échapper de son mini labyrinthe sonore sans en attendre la dernière. Des compositions qui prennent leur temps et écrivent French pop avec un halo de noblesse : voilà une douceur candide qui nous restera sur la peau.

On attend le dandy triste qui laisse s’installer son groupe en premier avant de faire son entrée, esquissant ses premiers pas de danse sur son fameux tube Isabel. À l’aise dans son costume blanc et col roulé, Baxter Dury se défoule les jambes avant de s’approcher du micro pour faire résonner sa voix chaude et parlée. Le public en est tout émoustillé dès les premières syllabes. Ses deux choristes, l’exquise Australienne Madelaine Hart ainsi que la Française Leslie Bourdin, en robes à paillettes déploient leurs irrésistibles parties vocales en dansant devant leurs synthés. L’extrait Listen de son dernier disque Prince Of Tears est immédiatement enchaîné, restant dans cette veine de pop minimaliste et effrénée. Les « palalala » des choristes apportent ce petit côté kitsch qu’on adore dans la musique de Baxter, surtout adossés à ces notes de claviers vintage. La guitare résonnante du fameux tube Trellic fait réagir et danser le public, Baxter ne se gêne pas pour se rouler par terre.



L’Anglais parvient en permanence à attirer tous les regards sur lui, sirotant son verre de vin en nous esquissant des regards complices du coin de l’œil. Il s’installe ensuite au piano avec son air de bluesman dépressif et sa voix emplie de mélancolie surannée. On peut s’attrister sur la langueur des pianos et la douce voix de Madelaine avec le très beau titre Wanna ou s’amuser sur Letter Bomb et sa rythmique rigolote et enfantine. Ces deux extraits du dernier album en date nous surprennent à leur manière. Les boucles de synthés de It’s a Pleasure se sont bien incrustés dans notre tête avec ce petit côté héroïque en pyjama, ce fameux second degré qu’on aime tant chez Baxy. Il terminera comme à son habitude sur une version allongée de Cocaine Man où il fait le show sur cet extrait de son deuxième album datant de 2005. Ce titre fait exception au milieu de morceaux assez courts, pour un concert d’à peine une heure. La conclusion est néanmoins dantesque avec l'intemporelle ritournelle de Prince of Tears. On aurait apprécié avoir un second rappel avec le titre sucre d’orge The Sun mais l’élan a été coupé trop tôt. Tant pis, Baxter Dury est toujours d’aplomb et inspiré pour nous faire danser. On retournera le voir une énième fois encore.

 

Une soirée de pop emballée dans des écrins et rubans à paillettes, ça ne se refuse pas : Halo Maud et Baxter Dury nous ont piqués avec délicatesse.