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Live-Report
BRNS + Peter Kernel - Winter Camp Festival

19 décembre 2014
Rédigé par Florian Sallaberry

Pour sa troisième édition, le Winter Camp Festival donne carte blanche à BRNS, espoir de l'indie-rock belge venu confirmer tout le bien que l'on pensait de lui dans l'album Patine, sorti en octobre. Les Flamands ont invité le folkeux Juan Wauters, les très grunge She keeps bees et les tous fous Peter Kernel.

Juan Wauters est uruguayen de naissance, il a une jolie chemise à motifs et une guitare sur laquelle il est inscrit au marqueur "An arranged Marriage, a deranged murder". Il est accompagné de l'Argentin Tall Juan Zaballa, chemise et guitare à fleurs. Les deux compadres présentent une folk empreinte de l'esprit sixties, celle que Juan a découverte lorsqu'il a rejoint son père à New-York. Sur scène, sa musique semble plus rythmée et énergique et en appelle aux Beach Boys ou aux Rolling Stones, dont il reprend le « Woo-Hoo » de Sympathy for the Devil. Le petit sud-américain, sourire aux lèvres, chante en espagnol et anglais et effectue des sortes de flexions devant un drapeau américain qui semble symboliser son american dream.

She Keeps Bees, c'est l'histoire d'amour de la guitariste-chanteuse Jessica Larrabee et du batteur Andy LaPlant. Présentant un son oscillant entre blues, classic rock et grunge, les New-Yorkais ont sorti leur deuxième album Eight Houses cet hiver. Si le timbre de voix de Jessica rappelle PJ Harvey, c'est une véritable décharge électrique que nous subissons lors des montées en puissance présentes sur chaque morceau interprété par le duo, ici accompagné d'un bassiste au pull rigolo. Point d'orgue du set, le morceau Ribbon, ouverture du premier album du groupe, où Jessica chante a cappella, simplement accompagnée de la batterie d'Andy et d'un tambourin qu'elle tape énergiquement sur son corps. Cette ballade blues nous permet d'apprécier totalement la belle voix de la chanteuse.

On avait déjà adoré Barbara Lehnhoff avec son projet solo-électro-barjo Camilla Sparksss. Ce soir, c'est en bassiste du groupe rock qu'elle mène avec son compagnon Aris Bassetti que nous la retrouvons : Peter Kernel, projet art-punk formé en 2005. Chaque morceau est une démonstration de puissance entre la basse et la voix provoquante de Barbara et la guitare et le chant plaintif d’Aris. Si leur son peut parfois faire penser à celui des Pixies, ils dépassent scéniquement leurs aînés par l’envie et l’intensité présentes dans chaque morceau. Aux moments de tensions sauvages succèdent des instants plus légers où Aris sort quelques blagues, vanne son batteur, nous parle des "pataprout" qu’ils ont trouvé dans leur hôtel. Peter Kernel livre un set impeccable, au cours duquel certaines chansons inédites ont été jouées : celles-ci seront à retrouver sur leur nouvel album Thrill Addict dont la sortie est programmée le 19 janvier. Ce concert aura été marqué par la complicité des deux musiciens

Tête d’affiche de la soirée, les BRNS débarquent enjoués sur scène, visiblement ravis de la performance des groupes précédents. Installé en demi-cercle, le groupe, dont la particularité est d’avoir un batteur-chanteur, affiche une cohésion incroyable, marquée par de nombreux chants en chœurs, sourires et regards échangés. Cet esprit de bande est particulièrement palpable lors de l’intro du morceau My Head Is Into You où les quatre copains jouent ensemble du mélodica.  L’indie-rock de BRNS est multi-référencée et se situe quelque part entre Wu Lyf, Animal Collective et Bon Iver. Le chant parfois saccadé du chanteur fait penser à la technique de Panda Bear, en particulier sur le premier morceau Void. Radieuse et atmosphérique, la pop angélique des Belges se forme de nappes de son et de petits bricolos rigolos : le guitariste joue avec un tournevis, le batteur-claviériste utilise un piano d’enfant ou des cloches peintes suivant la tonalité de celles-ci. Le public, totalement enthousiaste, déborde d’énergie lorsque le méga-tube Mexico est joué et reprend en cœur les "I’ve never been to Mexico Oooh Oh Ooh". Après un set furieux et un rappel intense, nous sommes définitivement convaincus que l’on sait construire des cathédrales chez nos voisins flamands.

Une soirée qui nous aura fait voyager entre le folk très américain de l’Uruguayen Juan Wauters, le grunge agressif des New-Yorkais She Keeps Bees, la folie rock des Canadiens Peter Kernel et les mélodies oniriques indie-pop des belges BRNS. Par sa programmation exigeante et de qualité, le Winter Camp Festival réchauffe nos corps en cette période hivernale.