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Live-Report
INHEAVEN + The Cherry Bones au Point Ephémère

29 octobre 2017
Rédigé par François Freundlich

Le Point Ephémère nous accueillait en ce lundi pluvieux d’automne pour nous redonner un peu de baume au cœur avec deux groupes s’étant donné pour mission de nous réchauffer en nous faisant danser. On se jette donc à corps perdu à l’intérieur de la salle, en retirant au plus vite le k-way sous lequel on commençait à bouillonner légèrement.
 

Ce même bouillonnement passe du coté des oreilles avec l’arrivée sur scène du duo massif The Cherry Bones. Le groupe de Tours, à l’image de leurs collègues Pneu, s’impose avec des boucles hypnotiques et trépidantes de guitares électrique saturée et d’un synthé accompagnés d’une boîte à rythme ultra-rapide. Le chanteur à mèche et moustache installé au clavier s’énerve rageusement derrière son micro avec sa voix grave, criarde et monocorde. Le duo se défoule : le guitariste Ralph masquant son visage derrière ses cheveux longs et le chanteur François enchainant les mouvements de têtes saccadés. Le déploiement sonore est vaste, The Cherry Bones cherchant à nous magnétiser en répétant sans cesse les mêmes volutes claustrophobiques hypertrophiées. L’acidité incantatoire déployée sur les lourds riffs de guitares ne fait pas dans la subtilité, remplacée par le second degré puisque le groupe n’hésite pas à réclamer une queu-leu-leu, aussitôt exécutée par un public d’aficionados. Mais bon, on n’avait pas vraiment la tête à faire la farandole. On se consolera en agitant la nuque et le genou au son des râles étranglés du chanteur – clavieriste, rejoint sur la fin du show par un saxophoniste ajoutant un aspect noisy cuivré à la liesse ambiante. Une bien grasse entrée en matière.

Les stars du soir s’appellent INHEAVEN, ravis de proposer leur premier concert en tête d’affiche à Paris. Stars puisque lookés en conséquence : paillettes, maquillage et velours, Velvet Goldmine n’étant pas très loin. Récemment qualifié comme son groupe préféré par Julian Casablancas, les londoniens attisent la curiosité avec leurs compositions évoluant entre shoegaze et glam rock aux accents pop assumés. Ils sont plutôt mignons avec leurs divagations douce amères, donnant l’impression de vivre un genre de rêve éveillé en permanence, campés derrières les roses rouges fixées aux micros. Le chanteur James Taylor n’hésite pas à répéter plusieurs fois « We are Inheaven », pour le jeu de mot à répétition. Les morceaux, dont beaucoup s’inscrivent bien en mémoire, rappellent parfois The Pains of Being Pure At Heart, lorsque James Taylor chante seul, ou les Raveonettes lorsque le duo vocal avec la bassiste Chloe Little se déploie. Les deux se répondent par mimiques entre les mouvements capillaires de James et les yeux écarquillés de Chloe. Si certains titres déchaineront le public dans des moshpits comme l’excitée Meat Somebody, d’autres restent dans un tempo plus feutré comme l’enivrante Wasted My Life On Rock’n’Roll, même si les fonds de guitares agressives ne font jamais défaut. L’évidence de certains tubes incite au lâcher prise comme le riff à la Nirvana de Treats où Chloé prend le lead vocal. Ils termineront sur le tube générationnel en puissance qui nous trottera dans la tête pour la fin de la soirée : Regeneration et son refrain libérateur en forme d’hymne, sorte de réponse au Blank Generation de Richard Hell, pour tout rocker millénial n’ayant pas encore sombré dans l’auto-tune. Des compositions efficaces, agressives et entêtante, INHEAVEN est le bon groupe de rock anglais à écouter en cette fin d’année quand l’envie nous prend de s’énerver plus que de raison.

Cette soirée au Point Ephemère nous aura décrassé les oreilles entre les boucles synthétiques de The Cherry Bones et l’électricité paradisiaque de INHEAVEN.
Le paradis avait quelque chose de rouge.