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Chronique de disque
Fortune - Blackboard

04 novembre 2013
Rédigé par François Freundlich



Fortune - Blackboard

Sortie le 4 novembre 2013

Note : 3/5





Tout ce qui brille n’est pas d’or, même sur le dancefloor. Voilà un adage qui pourrait correspondre au brillant quatuor Fortune qui publie son second album après une multitude de publications EP et LP depuis 2007 ainsi qu’une tournée des festivals les ayant transportés de Rock en Seine à Glastonbury. Fortune se détache cette fois un peu de l’électro pour bercer dans une pop synthétique toujours plus dansante.

Les Fortune ont inscrit sur leur Blackboard une équation complexe et en ont déduit un résultat simple : des pop songs où quelques notes suffisent à accrocher les écoutilles. Si leur nationalité ne pourra pas rester dissimulée bien longtemps pour un Anglo-Saxon étant donné l’accent so frenchy très prononcé du chanteur, nous reconnaissons de multiples influences provenant d’un peu partout mais plutôt bien digérées. Après quelques morceaux s’inscrivant pleinement dans une indietronica mid-tempo dans l’air du temps, les synthés omniprésents se multiplient jusqu’à atteindre un paroxysme à tendance kraftwerkienne sur le duo Hold Me / Isand. Malgré le côté lisse et la relative froideur du son, des touches de groove et de disco sont injectées dans une synth-pop mélancolique qui parvient toujours à dévier suffisamment vers le tortueux pour nous surprendre.

Si l’ouverture sur Turn Around et Blackboard plaira certainement aux radios avec ce coté mainstream assumé, nous n’en sortirons pas vraiment attirés malgré une certaine fraîcheur au léger parfum de Tahiti 80. Une touche de Metronomy pointe ensuite sans trop d’originalité, mais on reste un peu sur sa faim. Surtout que les sifflements nonchalants de Blackboard sont difficilement supportables depuis que Air nous avait fait le coup. Mais tout bascule sur Drive Out ou Fortune retient toute notre attention avec cette fin psychédélique et enlevée surplombant une voix se perdant dans de multiples échos. Les synthés de Hold Me tournent au funky jusqu’à un passage instrumental aux sonorités orientales et 80’s hyper-dansantes. On ne sait plus si on est au sommet d’une pyramide ou dans le générique des Cités d’Or. Les visuels routiers de Kraftwerk n’auraient pas détonné sur Island avec cette rythmique ultra carrée et cette basse synthétique semblant s’avancer sans fin. La fin de l’album replonge dans une pop plus classique dans la lignée de Phoenix, même si les bruits de lasers et autres comètes passent toujours en travers de la cathète.

Si les compositions de Fortune ne sont pas d’une très grande originalité, ce deuxième album parvient à nous séduire de par la variété de sonorités mélangeant des bases électro avec la funk, la new wave et une French touch non dissimulée.