Webzine indépendant et tendancieux

Chronique de disque
En Attendant Ana - Lost And Found

15 avril 2018
Rédigé par François Freundlich

En Attendant Ana - Lost and Found

Sortie le 13 avril 2018


Note : 5/5





Si on s’attendait ! Un groupe de garage pop parisien qui sort l’album marquant de ce premier tiers d’année, jusqu’à devoir l’écouter en boucle. Découvert au hasard d’un concert dans une salle sauvage d’une zone industrielle de la banlieue de Strasbourg un soir d’Halloween, nous en étions ressortis le sourire aux lèvres. Avec Lost and Found, En Attendant Ana confirment en studio tout le bien que l’on pensait de leur prestation live : un enchaînement de tubes en puissance.

 

Le quintet parisien a trouvé la formule magique pour nous faire tomber sous le charme dès la première écoute. Avec le premier single The Violence Inside, paru quelques semaines avant l’album, nous tenions notre chanson du moment. On y perçoit la marque de fabrique du groupe : cette voix féminine qui divague sur des syllabes prolongées, une frénésie de guitares électriques irrésistibles sur fond de trompette semblant ralentir le tout. L’instrument à cuivre s'élève en pierre angulaire de leur son, lui apportant son côté organique et attachant. Ce triptyque irrésistible et fébrile de voix, guitares et cuivres prête un sentiment de perfection à l’ensemble. Les mélodies possèdent ce côté "feel good" avec des refrains pop accrocheurs comme une lumière poppy qui entrerait subrepticement dans un rock garage sombre. Les influences piochent autant dans la brit-pop de Electrelane que dans la tension palpable des Breeders, comme sur Not So Hard et ses déliés responsoriaux irrésistibles.

 

Le premier tube du disque, Night, voit la chanteuse Margaux s’envoler dans de délicieux aigus jusqu’à ce refrain décalé frissonnant, marque de fabrique d’une grande composition. Le titre semble à la fois empli de joie de vivre et d’une certaine atonie, comme s'il prenait son temps pour nous faire tomber amoureux. Les arrangements orchestraux apportent un sentiment de fraîcheur, possédant cette simplicité et cette précision faisant mouche à chaque refrain exutoire, comme sur le final aux chœurs enfantins de This Could Be et ses répétitions à tue-tête. La voix y flotte au beau milieu de guitares strokesiennes aux riffs clairs et léchés, teintés de synthés vintage. La douceur égarée qui s’échappe des parties vocales n’a d’égal que l’intensité déployée par l’agitation rythmique. En Attendant Ana deviendrait presque grandiloquent sur et ses chœurs rappelant Arcade Fire ou sur I Don’t Even Know Your Name, où un sentiment d’espoir nous envahit grâce à ce refrain déclamé.

 

Voilà l’album joyeux et trépident dont on a besoin en ce début de printemps et qui va marquer l’année 2018 de son empreinte. Il nous emporte, laissant la réflexion très loin derrière pour le laisser nous submerger. Ses refrains entêtants sont partis pour vivre avec nous pendant un bout de temps. Maintenant qu’on les a trouvés, impossible de ne pas les réécouter sans attendre.

On ne peut que vous conseiller d’en faire de même.