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Chronique de disque
Yann Tiersen - Infinity

14 juin 2014
Rédigé par Florian Sallaberry

 

 

Yann Tiersen - Infinity

Sortie le : 19 mai 2014

Note : 3/5

 

 

Beaucoup, lorsque l’on évoque Yann Tiersen, nous parleront d’accordéon, de Montmartre, de ricochets sur le canal Saint-Martin et d’Audrey Tautou … Mais le breton n’a jamais été fan de péniche, ni de bitume : le regard à l’horizon, le vent dans le dos, toutes voiles dehors, il a pris la mer.

La mer, l’océan, Yann Tiersen les connaît, avec Tabarly ou avec Dédé la Fleur (À ceux qui sont malades par mer calme). Infinityc’est un porte-conteneur sur la mer du Nord. Et l’on entend la sirène, peut-être est-ce le départ ? Peut-être est-ce la côte : le port de Lorient, Reykjavik ou bien la banquise ?

Le plus frappant dans les mélodies de Yann Tiersen, c’est leur simplicité. Plus encore que précédemment, Yann joue au patchwork de samples. La boucle, c’est ce qu’inspire cette pochette, ce symbole, l’infini, et la boucle, c’est ce qui caractérise cet album car en mer, il n’y a que la monotonie : la houle, la houle, encore la houle…

Yann Tiersen délaisse la guitare pour revenir à ses vieux amours : les instruments jouets ! Toy Piano, mélodica, xylophones composent l’essence des morceaux. Agrémentés de violons, d’accordéon, ils prennent de l’épaisseur. On pense forcément aux dieux écossais du post-rock, Mogwai, mais la démarche est différente… d’ailleurs on aperçoit la côte, la roche, la pluie sur la roche (Slippery Stones).

Le cargo accoste,  et l’on entend un clocher d’église, sur Steinn.  On parle aussi anglais, islandais, danois ou breton… les voix sont importantes chez Tiersen (on se souvient de Dominique A). Ici de douces voix féminines aiguës, de graves voix masculines mais toujours douces. Car tout est doux, tout est calme. Yann cherche plus que jamais la quiétude. Sur The Crossing, on a l’impression d’entendre une ritournelle de marin, celle que l’on chante sur le pont à la tombée de la nuit, un verre de grog à la main en tapotant sa jambe de bois du bout de son crochet.

Yann s’aventure également dans des contrées moins habituelles, la musique prend un tournant électronique sur Steinn ou In Our Minds. Au bruit de la machinerie mécanique succède le bruit des multiples voyants et boutons de l’ordinateur de bord. L’album se conclut sur un morceau magnifique et magnifié par le texte d’Aidan John Moffat, qu’il déclame d’une voix plutôt monocorde marquée par un fort accent écossais. C’est là que s’achève le voyage : "Imagine we’ll wake up tomorrow and nothing’s happened ".

C’est l’estomac un peu en vrac que l’on sort de ce long voyage, éprouvé par les remous d’une mer jamais clémente mais la tête un peu ailleurs, marqué par une longue nuit où, allongé sur le pont, l’on écoutait une Bretonne, un Écossais ou des Islandais.