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Chronique de disque
Psychic Ills - Inner Journey Out

02 août 2016
Rédigé par François Freundlich

 

Psychic Ills - Inner Journey Out

Sortie le 03/06/2016

Note : 4/5

 
 

S’il est bien un album estival idéal pour accompagner l’absorption d’un rafraichissement, allongé dans l’herbe en ne faisant rien du tout, c’est bien le cinquième disque des New-Yorkais de Psychic Ills. Avec Inner Journey Out, Tres Warren et Elizabeth Hart explorent un rock psychédélique semblant évoluer dans une dimension parallèle ou chaque seconde dure une minute. Et cela fait beaucoup de bien à notre cerveau surexposé.

On ne s’excite pas, on presse lentement sur play en ne tendant pas trop son bras de peur de risquer la foulure et on s’élève vers des contrées sucrées, perdues entre dérivations floydo-velvetiennes et résonances americana. Un vieil orgue tremblote en nappe à l’arrière, tandis qu’une voix plaintive et juvénile mais possédant une fraîcheur et une modernité qui lui sont propres se la coule aussi douce que ce disque qui s’écoute tout seul. La voix de Tres Warren est parfois accompagnée d’invités qui transportent les morceaux encore plus haut vers les nuages, comme cette chorale gospel qui injecte une dose de spiritualité à l’excellente Another Change. Des guitares surf semblent évoluer au ralenti comme en plein désert, pour un titre redondant qui s’inscrit bien dans la mémoire. On pense parfois à The Radio Dept. sur certains passages où la guitare se fait acoustique, comme torturée par des orgues tumultueux. La délicieuse Hope Sandoval (Mazzy Star) vient adouber de ses murmures tout en finesse I Don’t Mind, le titre majeur de l’album.

Électricité en stand-by et instrumentaux égarés, Psychic Ills parvient à nous piquer au vif tout en nous cajolant, avec ces morceaux sucre d’orge en forme de pic à glace. Avec ces structures répétitives, au final très peu variées, certains auront tendance à s’ennuyer, mais on y trouvera largement son compte si on se retrouve dans le son du groupe. Quelques ponts krautrock tribaux font office de transitions instrumentales comme New Mantra ou Hazel Green ou encore la longue élévation kaléidoscopique Ra Wah Wah. On retiendra avant tout les passages pop comme la géniale Coca-Cola Blues et son harmonica rappelant Neil Young, une complainte sur un spleen maladif qui empêche de tout faire, jusqu’à boire du coca. On ne peut qu’également adhérer à cette ode à l’oisiveté qu’est Music In My Head, tout un état d’esprit « I don’t want to get up out of bed, but I hear the music in my head ». On terminera avec No Worry, titre déstructuré entrecoupé de quelques assauts de violons et tremblements de guitares et d’un solo jubilatoire, le tout enveloppé dans une quiétude de toute beauté.

Un disque à écouter en position horizontale, si possible avec une source de chaleur positionnée directement sur la peau et un oubli de soi généralisé. On retrouvera le duo en ouverture de La Route du Rock, le 12 août à 18h15. De notre côté, on arrivera donc tôt.