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Chronique de disque
Mogwai - Music Industry 3. Fitness Industry 1

03 décembre 2014
Rédigé par Sylvain Calves

 

 

Mogwai – Music Industry 3. Fitness Industry 1

Sortie le 1er décembre 2014

Note : 4/5

 

 

 

Au début de l’année, nous n’hésitions pas à dire ici même tout le mal que l’on pensait du dernier album de Mogwai dans une chronique assassine, douloureuse mais malheureusement justifiée. Des mois après, nous ne regrettions toujours rien. Aujourd’hui, soulagement : Music Industry 3. Fitness Industry 1, pourtant issu des mêmes sessions que le précédent Rave Tapes, renoue très largement avec la maestria d’un groupe qu’on avait cru perdu l’espace d’un instant - et prouve aussi que Mogwai garde un génie intacte quand il s’agit de donner un titre à un disque ou une chanson.

Paradoxalement, cet EP de six titres s’ouvre sur un inédit qui transpire encore un peu la paresse présente à tous les étages sur le précédent album. Morceau trop court, sans aspérité ni relief, Teenage Exorcist oscille entre post-rock poussif et format pop crispant. Les choses s’arrangent dès History Day, une belle réponse aquatique et lumineuse aux contrées arides arpentées sur The Hawk Is Howling, ce chef-d’œuvre tout en sable et feu. Plus loin, HMP Shaun William Ryder fait encore plus fort en renouant brièvement avec l’atmosphère des premiers albums du groupe, Young Team en tête. Mais si la nature de la composition est similaire, le temps a pourtant passé et la production a gagné en rondeur, en luxuriance.
Ce sera tout pour les morceaux originaux. La deuxième moitié du disque n’est constituée que de remix. C’est aussi la meilleure. Premier bon point : les trois chansons décapées ici sont également les seules valables du dernier album. Ainsi, sur Re-remurdered, les décharges d’adrénaline fusent dans tous les sens. Oppressant mais vertigineux, le résultat met vraiment la tête à l’envers. Ensuite, la relecture de No Medecine For Regret, morceau doux mais un peu chiant à l’origine, semble d’abord vouloir jouer la carte de la fidélité… avant de partir en vrille à mi-parcours, pour finir complètement paumé sur un dancefloor interstellaire.
Mais le graal se trouve à la fin, quand Nils Frahm livre sa version de The Lord Is Out Of Control. La mélodie est jouée sur un piano un poil cabossé. Enregistrée dans des conditions live (on entend le bruit des doigts sur les touches) la composition est d’abord mise à nu et cette nudité est bouleversante. Soudain des segments entiers de la chanson d’origine déferlent, créant un puissant contraste, tout en menaces et électricité. La pièce invente la synthèse parfaite entre le remix (exercice parfois décevant) et la reprise (exercice parfois un peu vain). Et prouve aussi que Erased Tapes (Nils Frahm donc, mais aussi A Winged Victory For The Sullen, Olafur Arnalds…) est décidemment le label le plus excitant croisé dernièrement.